La musiques du passé [Pv Yuki]

Tout était noir, tout était sombre et terrifiant. Quoi que je fasse, je me retrouvais prisonnier dans une toile indestructible. Chacun de mes souvenirs me revenait nettement et je ne pouvais rien y faire. J'assistais impuissant à la mort de ma mère puis à la perte de ma sœur, je regardais le regard terrifié que je portais sur moi lorsque mon reflet apparaissait dans le miroir. Pendant longtemps, je n'avais pu supporter de contempler mon image, haïssant chacune de mes apparences. cette haine avait été retourné contre le monde, contre les autres et je me renfrognais dans l'idée que la vie était cruelle. Plus je suppliais mon songe de cesser, plus celui-ci me torturait, prenant un malin plaisir à voir mon visage se décomposer. Je me réveillais su sursaut, m'arrachant par la même occasion un sursautement de stupeur. Je regardais la pièce dans laquelle je me trouvais, complétement désorienté. J'étais venu me réfugier dans la salle du club pour trouver du repos, c'est dernier temps, un grand nombre d'élève venait me déranger dans ma salle de classe et bien que leurs présence n'était pas forcément pesante, je commençais à être agacé de leurs intrusions pendant mes moments de repos. Je me relevais en étirant les bras au dessus de ma taille, les larmes aux yeux causé par la fatigue. La salle était complétement vide, seul un piano se trouvait au fond de la salle, le reste des instruments de trouver dans la salle de classe. Seul ceux qui possédait un instrument pouvait s'en procurait un pour le club. Je me grattais la tête en marchant en rond, ressemblant ainsi à un lion dans sa cage. Une bourrasque de vent froid s'engouffra dans la salle et je frissonnais en sentant l'air contre ma peau dénudé. Je n'étais pas nu non, seulement pour une fois, je n'étais pas bien couvert, une simple chemise dont les manches étaient plus courte que des manche trois-quart accompagné d'un jeans noir. Je m'avançais vers la fenêtre dont les rideaux étaient maltraiter par le vent et en tant que sauveur, je fermais la fenêtre pour mettre fin au massacre. Je laissais le tissu se reposer sur moi et baissais les yeux vers mes mains protéger par des gants noir.

Quand pourrais-je les enlever ? Jamais et je le savais. Je vins à m'accroupir devant la fenêtre, posant ma tête sur mes mains et les paupières closes, je me mis à rêvasser. Comment serait le monde pour moi si je n'avais jamais eu ce pouvoir ? Il aurait été parfait. J'aurais pu rester avec ma sœur, vivre heureux avec elle et surtout, jamais dans son regard je n'aurais pu y lire de l'indifférence à mon égard. je n'étais qu'un étranger pour elle et à chaque fois que je repensais à ce terrible jour, mon cœur se serrer dans ma poitrine. Quelqu'un toqua à la porte et ouvrit la porte, je me redressais vivement pour faire face à l'intrus en poussant un soupir agacé. Finalement, même ici les gens venaient me déranger. Il ne me fallu que de quelques seconde pour me revêtir de ce masque que je portais sans cesse. Un sourire délicat était peint sur les traits de mon visage mais derrière, il n'y avait que de l'indifférence à l'égard de la nouvelle venue.

-C'est ici le club de musique ? Je m'appelle Sacha Killdore et je voudrais m'y inscrire.

Je sentis une pointe de joie, comme à chaque fois qu'un élève venait pour me parler de musique. La seule chose qui pouvais me ramener sur mon petit nuage de velours était bien ce passe temps auquel je me consacrais jour et nuit. Je haussais les épaules en levant les yeux au ciel cependant, regrettant de ne pas avoir attrapé la jeune Sali dans les couloirs pour lui expliquer comment le club fonctionnait. je ne m'y connaissais pas trop, les élèves étaient plus ceux qui gérer le club enfaite.

- Eh bien... Je te conseille d'attendre un des élèves du club pour te renseigner avant car je ne m'y connais pas trop. Enfaite je viens à peine de commencer à m'intéresser à ce club qui était encore vide il y a quelques temps.

Je penchais légèrement la tête sur le coté en la dévisageant. Je n'oubliais jamais rien et je n'oublierais jamais non plus le visage particulier de cette jeune fille. Comme à mon habitude, je ressentis la terrible envie de connaitre son pouvoir mais ne lui posa pas la question. L'idée même de lui demander me rappelais ma rencontre avec Floyd et je me mis à rougir sévèrement en repensant au bibliothécaire. Je portais ma main gantée à ma bouche pour toussoter et ainsi effacer le visage de l'homme avec lequel je m'étais laissé aller.

- Au fait, il ne me semble pas te connaitre, je me souviendrais d'une élève qui joue d'un instrument. Es-tu nouvelle ?

Je lui souriais paisiblement bien qu'au fond, j'étais satisfait de découvrir une passionnée de la musique mais de là à lui sourire... Certainement pas. J'étais pourri de l'intérieur, rongé par des vers. Qui finirait pas s'en rendre compte ? Personne, pas même les gens les plus proche de moi. J'étais destiné à cacher mon véritable visage et à finir ainsi mes jours seuls.

-Oui. Je suis arrivée hier... Vous êtes...

La jeune fille chancela alors de tomber lourdement à terre. J'arrêtais sa chute en la rattrapant de justesse, je la fixais avec incompréhension. Quelque chose était étrange chez l'élève, s'évanouir d'un coup comme ça... Ce n'était pas normal. Alors que je m'inquiétais pour elle, je relevais la tête en espérant trouver une nouvelle présence, une nouvelle personne venu me déranger mais nous étions seul. Je n'avais pas le choix, je devais l'emmener à l'infirmerie. Je lâchais un léger grognement que j'étouffais entre mes lèvres, quelle plaie ! Tomber sur une fille qui s'évanouit comme on change de chemise, il n'y avait pas de doute, plus chanceux que moi ça n'existait pas. Pourtant je ne voulais pas partir, je regardais autour de moi avec lassitude. Cette salle dans laquelle le piano était le seul maître, elle était l'une des seuls à me protéger du monde extérieur, de ce que je craignais. Je ne voulais pas partir. Hésitant, je ne bougeais pas, reportant mon attention sur la nouvelle venue. Peut-être allait-elle se réveiller et ainsi, je n'aurais pas besoin de l'emmener. Il ne fallu que quelques seconde pour que les paupières closes de la "princesse" endormi ne se rouvre. Son regard avait comme qui dirait changé et je la laissais se relever avec curiosité et questionnement.

-Vous êtes la personne la plus triste que je n'ai jamais rencontrais.

Je sentis ma poitrine se compresser et je suffoquais en entendant ses paroles. Je la dévisageais, incertain et cherchant vainement pourquoi elle disait une chose pareil. Je me relevais, faisant un pas en arrière, fuyant l'ennemie qui trônait en face de moi, invincible. Elle ne pouvait pas savoir, elle ne pouvait rien savoir de moi, c'était tout bonnement impossible ! Je sentais pourtant une certaine gêne monter, mon masque se fissura quelques secondes et je le remettais en place d'un battement de cil. Je ressentais pourtant une mauvaise impression et ma tête me disait de courir et de fuir cette âme qui connaissait tout de moi, il était pourtant déjà trop tard.

-Ravi de vous connaître. Yuki Fujimoto.

Mon cœur arrêta de battre, figé telle une statue, je contemplais avec peur la créature. Elle était entrée dans ma tête, elle avait vu des choses de moi, mais quoi ? Ma vie défilait devant mes yeux et je marchais en arrière, sans voir ce qui m'entourait. Sur mon passage, je rentrais dans un objets que je ne pris pas même le temps d'observer, écoutant simplement son fracas sur le sol lorsqu'il tomba du au choc. Lorsque mon dos rencontra le mur glacial, je compris que j'étais prisonnier. J'avais envie de vomir, j'avais envie de m'enfuir ou bien même de sauter par la fenêtre pour mettre fin à cette conversation. Je me demandais même pourquoi... Pourquoi était-elle venue ici aujourd'hui même ? Je ne voulais pas de sa pitié, je ne voulais rien de personne, simplement oublier. La colère montais en moi mais pas une seule fois je ne m'approchais d'elle, me collant toujours plus contre la parois de béton pour maintenir une certaine distance entre nous. Ma voix tremblait mais je réussi à trouver la foi de lui répondre?

- Qui es-tu... Comment sais-tu ça ?

Je fermais les poings, enfonçant mes ongles dans ma paume, sentant la chaire meurtri crier que j'arrête ce supplice. je ne le pouvais. On m'arrachait de la sphère dans laquelle je m'étais confiné, seul mes pires cauchemars pouvaient être mes tyrans, maintenant, elle aussi pouvait l'être. Je haussais la voix, criant mes paroles avec trouble.

- Comment connais-tu mon nom bordel ?! Qu'est-ce que tu as fais ?!

-Tu me parle sur un autre ton, déjà. J'ai rien fais de mal.

Je tremblais cette fois-ci de colère, foudroyant l'élève qui avait l'audace de me tenir tête. Ce que j'avais envie de faire ? Plaquer mes paumes contre ses joues, lui arracher chacun de ses souvenirs, ressentir sa vie défiler dans ma tête et qu'elle ne soit plus qu'un enfant perdu. La haine que j'accumulais à l'égard de l'intruse était telle que si mon pouvoir avait été autre, il n'y aurait aucun doute que celui-ci se serait emporté pour réduire en poussière la troubleuse.

-Je connais ton nom à cause de mon fichu pouvoir, ok ? Et crois moi quand je dis que je ne voulais rien savoir. Mais vois-tu là et mon problème. Je suis obligé de savoir. Je ne contrôle rien. Ca arrive comme ça, sans prévenir. Aujourd'hui, manque de bol, c'est tombé sur toi. Je sais tout. Je suis rentrée dans ton passé, et j'ai tout vu. Et tu as le droit d'être en colère. D'être pourris jusqu'au bout des ongles. Mais de mentir ? D'effacer la mémoire des gens, ce pouvoir que tu déteste tant, pour te cacher ? Je trouve ça lâche. Tu n'es pas le seul dont le pouvoir à pourris la vie, c'est également mon cas. Mais moi j'assume. Je ne plaque pas un sourire sur mon visage pour faire copain copain avec les gens, parce que je sais que s'ils savaient, ils partiraient sans me jeter un regard.

Une nouvelle secousse me parcouru et perdu dans mes pensées je cessais de l'écouter. Mon regard était vide et je revoyais ma vie. Tout ce que j'avais voulu oublier, tout ce que j'avais voulu cacher, elle le savait. Je ne le voulais pas, me confier à quelqu'un était impossible pour moi, je refusais qu'elle sache la vérité ! Tout était fini, mais quoi exactement ? Pourquoi étais-je dans un tel état ? Certainement parce qu'au fond, j'avais espéré que toute ma ne soit qu'un recueil. Que quelqu'un ai modelé mon esprit mais que mes souvenirs ne soient pas ceux-ci. J'avais espéré que mon passé finirait par disparaitre et que même si mon âme ne redevenait jamais blanche, que sa souillure disparaisse peu à peu. J'avais espéré autre chose aussi, qu'avec le temps, j'oublie, que personne ne sache jamais et que mon futur soit différent. Que quelqu'un me sorte de la misère dans laquelle je me trouvais, qu'on me libère et par la même occasion, que mon enfance soit une page d'un livre qu'on tourne d'un coup de main. Il aurait pu s'effacer mais maintenant que quelqu'un le connaissait, il survivrait toujours. Tandis que je reprenais mes esprits, je serrais les dents, prêt à répondre violemment à la jeune fille qui me pris de court et repris la parole de plus bel.

-Me ferais tu l'honneur de m'accompagner ? Derek ?

La bouche entrouverte, je fixais le visage de l'élève, ce n'était plus elle que je voyais mais les cheveux bouclé de ma petite sœur et son sourire angélique. J'entendais sa voix, elle m'appelait pour que je vienne jouer avec elle et le sourire aux lèvres, je courrais jusqu'à elle pour finir ma journée en beauté. Nos étreintes, nos jeux et nos rigolades, tout n'était qu'illusion et petit à petit, je voyais la magie se dissiper, ne laissant derrière elle, qu'une adolescente au visage totalement opposé. Masculine, quelqu'un qu'on aurait pu facilement confondre avec un homme mais qui à mes yeux, gardait cette aura féminine que seule une femme posséder. On naissait homme ou femme et on ne pouvait changer notre sexe, l'apparence dont elle se revêtisait était pareil mensonge que la vie que je m'inventais. Nous nous faisions passer pour quelqu'un d'autre, pour quelque chose que nous n'étions pas. Doucement, je regardais mes mains en baissant les yeux vers le tissu noir, je tremblais, je le voyais. Un état déplorable, depuis combien de temps n'avais-je pas été de la sorte ? Depuis que j'avais revu Kyra sans doute... Je me laissais glisser contre le mur, assis contre l'épais sol qui m'empêcher de tomber plus bas que ce que je n'étais déjà. Pas un seul instant mes yeux ne quittèrent du regard mes mains, je les contemplais avec horreur, me souvenant que de ces même mains, j'avais arraché à des gens des souvenirs précieux tout comme je l'avais fais avec ma sœur. J'étais un monstre, quelqu'un qui dérober les souvenirs des autres par le plaisir, quelqu'un qui au bord du gouffre, avait préféré entrainer les gens dans sa chute plutôt que de sombrer seul. La larme à l'œil, je fermais les yeux en fermant les poings et en les collant à mon visage.

- Personne... Personne ne m'avais appelé comme ça depuis bien longtemps...

Bientôt, un filet de larmes commença à couler, glissant le long de mes joues et laissant quelques gouttelettes tomber brutalement par terre. Je ne tardais pas à replier mes jambes sur moi même, cachant ainsi mon visage derrière une barrière humaine. Je pleurais là, en silence, oubliant presque la présence de mon interlocutrice qui devait certainement encore me regarder. Bonjour la première rencontre avec son prof de musique. Un long frisson me parcouru à l'idée de la revoir pour les cours. Entre deux sanglots, je repris la parole d'une voix faible et tout autant empli de chagrin que de lassitude.

- Je ne veux pas de ta pitié, je me fou de ton avis. Tu crois que je ne le sais pas déjà à quel point je suis monstrueux ? Je relevais légèrement la tête, enlevant mes mains de mon visage pour les regarder froidement, avec rancœur. Je n'avais pas cesser de pleurer et je sentais que j'en avais encore pour un moment. Je sais pertinemment que ce que je fais, que tout ce que je fais c'est une vengeance contre la vie pour m'avoir donné cette malédiction. Je ne suis qu'un monstre qui ne mérite pas de vivre...

Et sur ces mots, je reprenais ce regard vide, celui que je possédais bien souvent à mes heures perdues, celles où j'étais comme d'habitude, seul.

-Je sais que tu te fou de mon avis. Mais pour moi tu n'es pas un monstre. Si c'est le cas, alors nous le somme tous ici. Ton pouvoir a fait du mal dans le passé. Soit. Mais quand tu regarde bien, tu dis te venger de la vie, mais j'ai plus l'impression que tu te punis toi même. Tu efface la mémoire des gens, certes, mais celui qui en souffre le plus c'est toi. C'est ne pas de la pitié que je te donne, c'est ce que je pense vraiment. Si tu veux foutre ta vie en l'air, c'est pas mon problème, je ne te connais pas. Je trouve juste stupide de tout gâcher, alors que tu pourrais recommencer. Et ce n'est pas parce-que moi je sais ton passé que ça peut t'empêcher d'avancer.

Je relevais la tête et la posé ma joue sur mes bras, la tête tourné vers la jeune fille. Je ne l'aimais pas, parce qu'elle avait vu ce que j'avais toujours voulu cacher, mais je ne lui en voulais pas non plus car elle disait ne pas l'avoir fais exprès. J'étais plongé dans un doute, disait-elle la vérité ? Je ne pouvais y répondre et c'est pourquoi je me renfrogné dans une idée de neutralité en tentant de reprendre mon calme vainement. Même si je n'appréciais pas l'élève, j'aimais ses paroles réconfortante qui me mettais du baume au cœur. Je regardais avec surprise quand cette dernière sortie sa guitare, j'observais discrètement l'instrument avec émerveillement. Parmi tout les instruments, la guitare faisait parti de mes préféré au même niveau que le violon et le piano. Je repensais mollement à la mélodie jouée avec Sali et je ne pu retenir un mince sourire sur mes lèvres. Seul la musique avait ce don sur moi, me redonner la joie de vivre. J'observais l'anima au coté de la jeune fille et haussais un sourcil en me demandant si les animaux étaient autorisé au sein de l'établissement.

- Si tu veux que je parte moi et mes conseils, dis le, mais sache que je ne dirais jamais rien sur toi. En faite, même si tu me déteste, je suis plutôt contente de t'avoir trouvé, tu es la personne la plus intéressante que j'ai rencontré jusqu'à présent, et savoir que je ne suis pas la seule à souffrir de mon pouvoir, me rassure, en quelque sorte. C'est peut-être égoïste, mais c'est la vérité.

Je pouffais de rire avant de donner un léger coup sur la tête de la mystérieuse jeune fille. Il n'était pas bien méchant ce coup d'autant plus qu'il était accompagné d'un sourire timide. Les sourires, les vrai, ceux dont je ne me forçais pas étaient souvent comme tel, j'avais perdu l'habitude de sourire sans que celui-ci ne face parti d'un masque de tromperie. Je relevais la tête et la posais contre le mur en fermant les yeux.

- Tu peux être égoïste, je préfère quelqu'un d'égoïste et qui le fit franchement qu'un faux cul.

Je craquais mes doigts en me relevant finalement pour faire quelques pas jusqu'au centre de la pièce. Je détournais le regard de quelques étagères au loin pour contemplais avec admiration le piano. J'oubliais que je n'étais pas seul, j'enlevais un de mes gants et déposer la paume de ma main contre le bois ciré. Aussi délicat qu'une plume, craignant abimé la merveille que je pouvais toucher sans crainte de lui effacer quelque chose. Je me tournais vers la fillette en prenant place au petit tabouret devant l'instrument -simple histoire de pouvoir m'assoir-.

- Alors comme ça tu joue de la guitare ? J'en fais moi même depuis longtemps bien que tu dois maintenant le savoir... La musique est toujours notre allié.

Je me replongeais dans mes pensées, les yeux rivés sur le piano. J'ouvrais l'instrument qui me dévoilé timidement ses touches d'ivoire. Du bout des doigts, je les laissais glisser sur le piano laissant de temps à autre un dons appuyer doucement sur une des touches qui faisait résonner dans la pièce sa merveilleuse mélodie.

- Joue-tu d'un autre instrument ? Ah au fait, je ne me souviens pas t'avoir demandé ton nom, comment tu t'appelle ?

-C'est vrai que m'évanouir sur le sol dès la première rencontre, ne facilite pas les présentations. Je m'appelle Sacha. Sacha Killdore. Seize ans, classe A, première année. Je joue surtout du violon, j'en fais depuis toute petite. Je me débrouille plutôt bien en guitare et en piano, et j'ai eu la folle envie, il n'y a pas très longtemps, de me mettre au saxophone.

Je mis la main devant ma bouche et rit doucement à la jeune fille en laissant un discret "c'est bien vrai" s'échapper. Normalement, les présentations se faisait avec un "bonjour", puis souvent un "comment tu t'appelle", seulement, cette jeune fille plutôt incroyable avait décidée d'utiliser la technique de tomber sur les pieds des gens ! Curieux de voir que Sacha savait jouer un grand nombre d'instrument, je penchais légèrement la tête sur le coté en me massant le menton, pensif. J'avais essayé le saxophone mais pour une raison quelconque, mon envie d'en jouer avait quelques peu diminuer jusqu'à n'être plus que néant.

-J'adore Vivaldi. En particulier l'ouverture de l'Hiver. Ça te tente ? J'ai les partitions, si tu ne le connais pas.

Je reportais mon attention sur l'élève et hochais la tête avec un sourire aux lèvres. J'aimais plus que tout jouer de la musique, mais être deux dans une même mélodie était plus reposant encore. Toutes les musiques, qu'elles soient faîtes pour une guitare, pour un violon ou pour n'importe quel autre instrument pouvait convenir à quelque chose qui, jamais n'aurait dû la jouer. J'avais appris pendant de nombreuses années tant de partition que parfois, j'en venais à en oublier certaines ou à en mélangé d'autres. Le seul repaire que j'avais peu trouver, le seul réconfort, était cette bulle de sons dans laquelle on se plonge. La plus terrible des choses à faire était d'écouter quelque chose de triste pendant vos heures de déprime, mais accompagné de quelqu'un, je n'avais rien à craindre. Oui, j'aimais cette musique qu'elle m'avais proposé mais quelque part, tout ce qui me rappeler l'hiver était un enfer pour moi, il me faisait revenir à la perte de ma sœur. Amour et haine, passion et peur, des sentiments totalement contradictoire envers cette saison qui m'avais fais connaitre l'espoir ainsi que le chagrin. J'avais laissé la jeune fille commençait, plongé dans mes pensées avant de rejoindre le garçon manqué. Les yeux rivés sur le piano, les paroles de diverses musiques me revinrent en mémoire, toutes possédant le même point commun, elles arboraient le thème de l'hiver. La musique s'arrêta net, pas celle de Sacha, mais celle que je jouais. Je restais inerte, le regard fixe sur les touches, les yeux presque écarquillé. Je gardais le silence, n'importe qui aurait pu croire que je venais de m'engouffrer dans la solitude et que je ne voulais pas adresser la parole à personne. Peut-être penserait-elle même que je venais de comprendre que lui parler avait été une erreur, la vérité ? Je tournais la tête vers l'adolescente, un sourire gêné avait fleuri sur mon visage et d'une main maladroite, je me grattais discrètement la tête en baissant les yeux vers ses pieds.

- Et bien... Il semblerait que ma mémoire me joue des tours... Je relevais la tête en rougissant faiblement, j'ai oublié la suite...

Je ne comprenais pas moi même, jamais auparavant je n'avais oublié quelque chose. Il m'arrivait de me tromper en confondant une musique mais de là à oublier, c'était impossible ! Je redoutais plus que tout au monde l'oubli, après tout, j'avais effacé tellement de souvenir, pour ces gens qui avaient perdu une partie d'eux, je me devais de ne rien perdre de ma mémoire. Dans ma tête, leurs souvenirs subsistait toujours, ce qu'ils avaient perdu vivait toujours en moi. Mon humeur changea immédiatement pour devenir... Taquin. Tout en imitant grossièrement de la surprise, je me relevais pour m'éloigner plus encore de la jeune fille.

- Han, mais bien sur ! Tu essaye de me faire oublier la musique pour que je sois obligé de te demander de l'aide ! C'est... Si méchant...

Le ridicule ne tue pas et heureusement car sinon, je crains fort que ma mort aurait été imminente ! La manière d'imiter ces gens aux comportements ridicule avait été parfaite bien que tout avait été un peu plus sur-jouer. Bien sûr, les larmes aux coins de mes yeux étaient fausse mais comme tout bon manipulateur, savoir pleurer sur commande était un dons de nature ! Pourtant, je ne pleurais pas, même lorsque je me faisais passer pour quelqu'un d'autre, la raison ? Être gentil et faible n'était pas la même chose. J'en vins à rire par ma stupidité avant de regagner mon siège en reprenant mon sérieux d'un soupir satisfait.

- Non plus sérieusement, je suis surpris, jamais auparavant je n'avais oublié quelque chose, pensif, je repris la parole mais plus bas cette fois, jamais je ne m'en serais permis...

Je ne pouvais exprimer ma surprise, tout cela me semblait si étrange... Et pourtant c'était réel, j'avais bel et bien oublié un morceau de la partition. Ce fut la jeune fille qui me tirais de mes pensées, abattant sur mon crâne un paquet de feuille et je sursautais sur le coup.

- Aïe !

Bien sur, je n'avais pas eu mal, c'était juste pour le plaisir de protester. Détournant la tête vers elle, j'affichais une moue faussement vexé, me grattant la tête d'une main. Cette jeune fille avait le don de me laisser allé si bien que j'en devenais taquin, chose plus étonnante encore de ma part qu'un oubli. Depuis combien de temps ne m'étais-je pas amusé de la sorte ? Il y a bien des années, peut-être même avant que je ne devienne Yuki Fujimoto. Elle le savait bien sur, il était inutile de lui en parler puisqu'elle connaissait presque l'intégralité de ma vie !

-Non. Ne repars pas dans ta déprime de toute à l'heure ! On commençait enfin à s'amuser. Voilà la partition. Tu n'oublieras plus comme ça. Et je ne peux pas ramener la mémoire des gens. Ni voir ton passé si tu l'as oublié. Il va donc falloir t'en contenté.

Je clignais plusieurs fois des yeux en la scrutant du regard, incapable de détourner la tête de l'élève. Le sifflement du vent avait quelque chose d'apaisant et je ne tardais pas à remettre mes pensées au clair, reportant mon attention sur la fenêtre. Les rideaux s'étaient remit à voleter librement tandis qu'un oiseau passait devant les vitres. Ils avaient de la chance, j'avais souvent rêvé d'être un oiseau pour être aussi libre qu'eux. Stupide idée n'est-ce pas ? Mais c'était un rêve, on ne pouvait choisir quels étaient nos espoirs. Le rire mélodieux de la jeune Sacha me fis encore une fois tourner la tête vers elle.

-Ne fais pas attention à celui-là. C'est juste un mélomane lui aussi. On recommence ?

Curieux, je portais mon regard sur la bête, souriant doucement en voyant le petit chien qui se retenait presque d'aboyer. Je relevais la tête, m'adressant à sa maîtresse.

- Tu t'inquiète pour moi ? C'est gentil, mais je ne déprimais pas, j'étais simplement surpris. Je recommençais à caresser mes cheveux, à l'endroit exact où cette dernière m'avais tapé avec ses vilaines feuilles, et tu m'as fais très très mal...

Avant que la demoiselle ne me dispute, je reposais mes mains sur le piano, prêt à recommencer à jouer avec elle. Comme si j'étais seul, mes doigts parcoururent les touches avec agilité, jouant une toute autre mélodie pour me replonger dans l'ambiance.

- Je suis prêt à recommencer si tu veux.

Je posais les feuilles sur le pupitre du piano, exerçant mes doigts avant de les positionner sur les touches, attendant mon interlocutrice.