Erreur de salle [PV Yuki][Terminé]

Le matin avait commencé comme chaque matin. Je m'étais levé, laver puis habillé avant de recevoir mes élèves pour la première heure de cours. Mais maintenant, j'étais seul dans la grande salle. L'horloge accroché au mur affichait neuf heures et je soupirais, assis au piano et pourtant sans inspiration. De temps à autre, mes doigts se déplaçaient avec agilité sur les touches du piano qui chantait pour entraîner les faire danser. Rien n'y fait. Jamais auparavant je ne m'étais sentis si vide et lorsque l'image du beau bibliothécaire me revins en mémoire, je secouais la tête méchamment en me mordant la lèvre inférieur et le regarde brulant de colère et de ... Désir. J'enragé, haïssant ce comportement de jeune fille amoureuse. Pire encore, je commençais à regretter. Déprimé de voir que pas même la musique ne me donnais envie de rester ici, je posais ma tête sur le clavier qui poussa un cri de douleur aiguë. Je fermais les yeux, épuisé par les pensées qui m'agresse sans cesse. Je relâchais l'instrument, allant à la fenêtre et enfreignant le règlement en fumant à la fenêtre. Je ne fumais jamais, sauf en état de stress, chose qui ne m'était pas arrivé depuis l'adolescence. Le vent me soufflais au visage, l'automne était maintenant bien présent et la fraicheur de cet saison me remis les idées en place. Je regardais au loin, imaginant ceux qui partiraient en vacance durant l'hiver, j'imaginais les oiseaux qui partaient et ceux qui comptait rester. Je faisais parti de ceux qui resté, prisonnier dans une cage durant toute mon enfance et m'amputent les ailes dès que l'âge adulte se fit proche.

Jamais je ne sortirais de cette prison et je regardais donc au loin, fixant un point invisible et voyant défilé devant mes yeux non pas les nuages matinaux mais des épreuves de ma vie. Dès que ma clope fut finie, je me retirais du rebord, fermant la fenêtre au passage après avoir jeter le mégot par la fenêtre. Je me demandais si un élève serait réprimandé pour avoir fumé ou si l'enseignement comprendrait qu'il s'agissait d'un de leurs collègue en pleine dépression. J'allais m'assoir sur une chaise, dans un recoin de la salle et m'adossant contre le mur, la tête fixant le plafond et collé contre le béton. Je fermais les yeux, quelques instant, le visage grave et triste. Cette salle qui était mon paradis semblait vide et sans émotion aujourd'hui. Sans musique, je me rendais compte que le lieu était assez lugubre, bien que propre. Du bruit attira mon attention et je regardais le nouvel arrivant. Un brin de fille aux cheveux couleur carotte était entrée, je me revêtis de mon masque immédiatement, arborant un large sourire. Ma surprise ainsi que ma détresse n'étaient pas visible, j'avais plutôt l'air d'un homme apaisé et gentil. J'avais envie de tout jeter par terre, de montrer mon vrai visage pour une fois mais je n'en fis rien.

- Désolée, je ne voulais pas vous déranger, je m'appelle Margot Missi-Franklin et... je me suis un peu perdue...

Je me levais de ma chaise, allant dans la direction de la jeune fille et caressant le piano lorsque je passais à ses cotés. Je me postais juste devant elle, la fixant "sympathiquement" et lâchant un rire mélodieux.

- Tu ne me dérange pas du tout, je devrais même te remercier pour m'avoir tiré de mes pensées.

Ce n'était pas faux, en rompant le silence, l'élève m'avais sorti par la même occasion de mes pensées déprimante et je ne pouvais que l'en remerciée. Bien sur, je n'en dis pas plus, ne tenant pas spécialement à dévoiler ma vie privée. Elle c'était perdu ? Je me rappelais de mon premier jour ici, j'avais moi même mis un certain temps à me retrouver dans tout ce bazar. Je haussais les épaules, un nouveau sourire plus doux que le précédent sur mes lèvres.

- Je crois que je ne t'apprendrais rien en te disant qu'ici tu es dans la salle de musique. Où voulais-tu aller ? Je pourrais peut-être t'aider.

Je lui tournais le dos, allant auprès du piano maltraité par un maître déprimé pour le refermer, lui donnant une caresse par la même occasion en signe d'excuse. Une chose stupide pour quelqu'un qui ne comprenait pas la musique, pour moi il signifiait beaucoup.

- Je suis le professeur de musique, M.Fujimoto. Enchanté de te rencontrer Margot, es-tu nouvelle ? Je n'ai pas l'impression de te connaitre.

Je lui refis face une nouvelle fois, sans enlever le visage de bonté.

La jeune fille ne mit pas bien longtemps à répondre à mes questions et je fus satisfais en voyant son visage presque serein. J'avais toujours ce don de mettre à l'aise les gens, s'ils savaient ce que j'étais vraiment, peut-être me craindraient-ils tous un peu plus... Je jetais un coup d'œil à mes mains gantées, j'enrageais de voir ce tissu de trop sur ma peau qui jusqu'à la fin de mes jours, devrait y rester si je ne voulais pas de nouveau faire une mauvaise action. J'étais envieux de cette élève, elle qui n'avait pas à s'en faire de toucher quelqu'un.

- Je suis arrivée il y a quelques jours, je devais aller à mon premier cours... et je vais être en retard...

Elle baissa la tête et je laissais un rire mélodieux franchir mes lèvres de nouveau. Je trouvais ça assez mignon cette façon de cacher son visage sur lequel la honte s'y affichait clairement. La plupart des élèves étaient maintenant de grand flemmards qui une fois en retard, préféré sécher sur le toit ou dans le jardin plutôt que d'attirer l'attention de ses camarades et surtout du professeur. Peut-être y avait-il d'autre raison mais je ne voyais pas trop lesquels. Je trouvais par ailleurs cette même raison stupide car après tout, pire que d'arriver en retard, c'est d'être absent pour un professeur. Je me doutais que ceux peuplant la classe D préféré partir, certainement par manque d'envie d'aller en cours alors que celui-ci avait déjà commencé ou bien encore parce qu'ils n'avaient pas envie d'entendre le baratin de leurs profs qui une fois de plus, serait en colère contre eux. Par chance, ils appréciaient souvent la musique, je n'avais donc pas vraiment de problème coté élève.

- Je cherchais la salle de la classe A. J'avais demandé mon chemin mais... je n'ai pas fait très attention et j'ai raté le couloir, alors en voyant le piano, je me suis dis que je serais tranquillement en attendant que quelqu'un passe.

Elle me sourit quant à moi, je restais presque bouche bée devant cette déclaration avant d'exploser de rire. Il en fallait tout de même pour se perdre alors qu'on venait juste de demander de l'aide ! Ce n'était nullement un rire moqueur ou du moins je ne l'espérais pas pour elle, je trouvais ça juste amusant. Je n'avais aucune intention de la blesser.

- Vous avez sûrement d'autre chose à faire, je ne voudrais pas abuser de votre temps.

Je fis quelques gestes futiles de la main et cessais de rire pour reprendre à la place un large sourire. Je ne comptais pas la mettre mal à l'aise et c'était pour cette même raison que j'avais arrêter de rire. Une nouvelle élève, seule avec un professeur qui riait aux éclats parce qu'elle s'était perdu deux fois d'affilé, ça fou mal non ? Je m'adossais contre le bois du piano, restant face à la demoiselle perdu.

- Tu ne me dérange pas ne t'en fais pas, et puis... ce n'est pas comme si les élèves se bousculer pour venir me parler après tout. Si tu es en retard, tu n'as qu'à rester ici pour l'heure et je dirais que je suis celui qui t'a retenu.

Abuser de son pouvoir de professeur était une chose mal mais ce mensonge allait aider Margot et je la trouvais amusante. Je fis donc preuve de beaucoup de sympathie tout en me disant que c'est dernier temps, j'étais particulièrement gentil avec ceux que je rencontrais. Ça avait commencé avec la jeune Sali puis avec Floyd... Je secouais nerveusement la tête, effaçant son sourire de ma tête et reportant mon attention sur la nouvelle venue. Quitte à la faire rester ici, je pouvais un peu discuter avec elle.

- Comment ça se passe pour le moment ?

La jeune fille se mit à réfléchir et je quittais quant à moi ma place pour faire quelques pas, je rejoignais la fenêtre pour l'ouvrir, m'adossant contre le mur à coté. Le vent s'engouffra dans la pièce et j'inspirais profondément.

- Ca se passe très bien, mieux que bien en fait, Je me sens chez moi ici. Et vous ?

Je reportais mon attention sur elle en haussant un sourcil. Il était rare que les élèves posaient ce genre de questions à leurs enseignants, peut-être parce que ça signifiai en apprendre plus sur la personne hors, ces gamins avaient certainement mieux à faire que de papoter avec quelqu'un qu'ils jugeaient vieux.

- Je veux dire... comment ça se passe pour vous ? enfin... Comment êtes-vous ici ?

Elle bégaya, certainement en se rendant compte à qui elle s'adressait. Je penchais la tête sur le coté, réfléchissant attentivement à cette question que je ne m'étais encore jamais vraiment posé. Mon arrivé avait été assez basique, malgré que mon état à cette époque était bien plus instable qu'aujourd'hui. J'avais rencontré des gens sympathique, je leurs avais enseigné l'art de la musique puis je les avais vu quitter le pensionnat. C'était mon quotidien, il n'était pas très intéressant mais je l'avais apprécié pendant longtemps. Ces derniers temps, je me sentais cependant ailleurs, comme si ma nouvelle vie ne me suffisais plus... J'en connaissais parfaitement la cause, tant que je serais ici, aux cotés de Kyra, sans qu'elle ne me connaisse, tout me semblerais terne. Je cherchais une réponse à lui dire, qui ne dévoilerait pas grand chose de ma vie sans pour autant qu'elle soit froide et cassante. Je soupirais en tournant le dos à la roussette, je me servais maintenant du rebord de fenêtre comme accoudoir et je contemplais la cour, me rappelant de ces nombreuses fois où j'avais regardé ma jeune sœur courir après un garçon à lunette. J'avais souvent envié ce garçon, rêvant d'être à sa place, mais c'était impossible. Sans me retourner, je relevais la tête pour contempler le ciel couleur azur et trouvé enfin la réponse.

- Disons que j'ai voulu changer de vie... Je me retournais enfin vers elle, toujours le coude posé sur le rebord, je suppose que tout le monde ici est venu pour ça, pour faire une croix sur son passé de "monstre". Bien que je ne me sois jamais comparé à une telle créature.

Mensonge... C'était le premier mot qui m'étais venu à l'esprit, j'étais un monstre, non pas à cause de mon pouvoir mais à cause de mes actes. Mes mains avaient beau être des armes, j'avais beau les détester, ça ne me rendais pas pour autant inhumain. C'était de la manière dont je m'en servais qui faisait de moi un monstre. Je soupirais en repensant à ma première année, tout m'avais été inconnu au départ, maintenant j'y étais habitué, aux élèves turbulents, aux professeurs méprisants, et aux rare personne que j'avais apprécié.

- Ça fait longtemps que je suis ici, mais je m'y sens bien, c'est un peu comme ma maison si je puis dire... Bien que ma matière ne soit pas très importante, j'ai la sensation que parfois, j'ai été utile à des élèves et ça me fais plaisir.

Je n'aidais que les élèves que j'appréciais certes, mais les voir sortir de leurs carapaces m'avais beaucoup plu. Peut-être parce que je m'imaginais à leurs places, quittant moi aussi ma coquille pour laisser l'homme que j'étais sortir. Je regardais l'horloge accroché à un mur en hauteur, la prochaine heure de cours commencerait bientôt.

- Au fait, où a lieu ton prochain cours ? Je pourrais peut-être te dessiner un plan pour que tu atteigne la salle.

Je lui accordais un nouveau sourire.

Sa réaction fut amusante, peut-être aussi un peu surprenante.

- Oh ! Je suis désolée, vous aviez sûrement des choses plus importante à faire que de parler avec une élève... Euh, mon prochain cours....

Je secouais la tête pensif, il n'y avait pas grand chose à faire ces temps-ci, après mes récentes rencontre pour le moins... Intéressante, tout était redevenu calme, ça me déprimais un peu. Je m'ennuyais ferme, je n'étais pas fais pour rester dans une vie bien droite, dans le chemin tracé. J'étais ce genre d'homme qui préféré dévié sa trajectoire pour s'aventurer dans une forêt parsemé d'embuche, j'aimais l'imprévisible et je n'arrivais toujours pas à comprendre comment certaine personne pouvait être heureux de leur vie monotone !

- Mon emploi du temps est quelque part la dedans... euh, je vais le trouver...

Je relevais la tête, une fois de plus, amusé par le comportement de la jeune fille. Je fis quelques gestes de la main en la fixant de mes yeux couleur or.

- Ce n'est rien, prend tout ton temps.

Je ne pu me retenir de rire en voyant que ses recherches se terminèrent en vain, ce qui me fis rire pour dire vrai, était le fait qu'elle avait fouillée son sac avec acharnement alors que sa feuille était sur elle. Elle n'était pas très dégourdie, même assez désordonnée... Elle était amusante. C'était ce genre de personne qui m'intéressais le plus, les fauves, les gens au caractère indomptable me donnais envie de les faire plier, mais une personne aussi mignonne me donnais des idées plus malsaine encore... Je soupirais avec un sourire, mes pensées n'étaient pas néfaste, bien que je commençais à me demander ce qui clochai chez moi.

- Ahah ! Alors après j'ai... Histoire ? ah non, ça c'est demain... aujourd'hui, j'ai... Anglais ! Mais je ne voudrais pas encore abusé de votre gentillesse...

Je riais de nouveau, j'allais vraiment aimer cette petite ! Je regrettais seulement que mon masque m'empêchais d'agir comme je l'aurais voulu. Je me serais amusé à la taquiner, la voir bouder, juste pour voir son coté mignon. Jamais je ne serais allé assez loin pour la faire fuir ou la faire pleurer après tout, je réservais ce châtiment pour mon compagnon... Lorsque j'en aurais un. Je soupirais en grommelant, depuis toutes ces années, j'avais eu de nombreux coups d'un soir, parfois certains duraient plus longtemps que d'autre, mais ce n'était jamais sérieux. Ça me manquais. Je me rapprochais d'elle pour vérifier son emploie du temps, maladroite comme elle était, elle aurait pu se tromper encore une fois !

- Ne t'en fais pas, ça ne va pas m'achever de te dessiner un plan tout de même ! Je sais que je suis feignant mais quand même, je serais obèse si je n'avais pas même la foi de prendre un crayon !

Je rigolais en m'imaginant débordant de gras, ça ne me ressemblais vraiment pas et jamais je ne serais comme tel ! J'allais chercher dans mes papiers une feuille vierge en me munissant d'un crayon gris. Je faisais approximativement les murs, espérant qu'elle arriverait à se repérer. Je n'étais pas un artiste, mais je me débrouillais et ce que je faisais restait toujours un minimum cohérent. Une fois fini, je lui tendais le papier en souriant légèrement.

- Tiens, ça devrait t'aider et la prochaine fois que tu te perd, demande à quelqu'un de t'accompagner jusqu'à ta salle. Il y a des panneaux qui indiquent où se trouve la salle des surveillants, ils ne t'en voudront pas si tu leurs demande poliment de t'accompagner, et puis, tu es une élève de la classe A.

La jeune fille me gratifiais d'un large sourire, étirant ses jolies pommettes.

- Merci beaucoup ! Je ferais de mon mieux pour ne plus me perdre ! Et je vais garder ce plan précieusement.

Je secouais la tête en lâchant un discret "Ce n'est rien", aider n'était peut-être pas mon fort en temps normal mais mon statut ne me permettais pas de me montrer ingrat envers mes interlocuteurs. De plus, comme je l'avais déjà dis précédemment, cette gamine me plaisais bien, elle était mignonne et maladroite, si les gens voyait des défauts chez elle, pour moi, ça ne la rendais que touchante... Finalement, je n'arrivais pas vraiment à tourner la page sur mon passé avec le jeune homme aux cheveux blanc.

- Allez debout Mays, on ne va pas embêter M.Fujimoto plus longtemps et tu vas devoir m'empêcher de rêvasser et me perdre encore.

Je regardais le chat avec étonnement, il était mignon, de toute façon, j'adorais les animaux bien que les félins et les canins étaient mes deux espèces préférés... J'imaginais sans mal ce que la vie lui avait réservée, un enfant avec un tel pouvoir devait en être fière, elle avait dû montrer à ses camardes ses créations... Et tous lui avaient tournés le dos. L'humanité était cruelle, je la détestais, comment m'en vouloir si je n'avais plus aucune croyance en cette race maudite ? J'avais évolué dans un monde qui nous laisse sur le coté si nous étions différent des autres. C'était l'une des principales raisons de mon agressivités envers les gens.

- Encore merci pour tout ! En tout cas, je pense que je n'arriverai pas en retard en musique, je connais la salle maintenant.

Je relevais la tête brusquement, sortant de mes pensées en clignant plusieurs fois des yeux. Je lui souriais de nouveau en retenant un rire mélodieux, à force, elle allait vraiment finir par se vexer ! Je me relevais, la raccompagnant à la sortie.

- Il y a intérêt, si je vois que tu es absente à mon cours, je fais le tour du bâtiment pour te trouver et te ramener en salle de classe !

Alors que je m'apprêtais à refermer la porte après son passage, je m'arrêtais pendant quelques instants, hésitant. Que c'était difficile de témoigner de l'affection à quelqu'un quand on ne savait pas comment s'y prendre ! Je soupirais, prenant mon courage à deux mains en espérant que ça suffirait.

- Je suis ravi de t'avoir rencontré Margareth, passe une bonne journée et essaye de ne pas te perdre de nouveau. Si tu as besoin d'aide, tu sais où me trouver. Au revoir.

Je refermais la porte, fixant la barrière pendant quelques secondes avant de regagner la fenêtre. Là, je m'y penchais, posant mon coude sur le rebord, posant mon menton dans le creux de ma main en lâchant un soupire. Je me sentais seul, malgré notre conversation qui avait duré une bonne heure, je me sentais incroyablement seul. Disons plutôt que la jeune fille avait réveillé des souvenirs que j'avais tenté d'oublier. Je m'accroupissais devant le cadre de la fenêtre, enfouissant mon visage dans mes bras, respirant calmement mais tristement. Je devais le voir. Je ne le pouvais pas. Il était parti, je l'avais chassé. Je serrais les poings, retenant un sentiment de bouleversement en moi, j'avais perdu mon amant, c'était de ma faute, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Je ne méritais tout simplement pas d'avoir la compagnie d'une personne aussi charmante.