Pourquoi toujours des boulets ? [PV Drake Cooper]

Je regardais par la fenêtre avec lassitude. Le ciel couvert d'épais nuage gris grondait de colère, il ne tarderait certainement pas à pleuvoir... Et durant les nuits d'orage, les élèves étaient particulièrement agité. Je soupirais, quelle idée de rester vivre ici après ma vie de banal étudiant ? Enfin, pas si banal que ça, après tout, je restais un monstre comme tout ceux d'ici. Par chance, je ne m'occuperais pas ce soir des rondes nocturne, j'aurais le droit après la permanence à un repas préparé par des cuisiniers quelques peu loufoque puis je pourrais rejoindre ma chambre doté d'un unique lit. Qu'il était bon de dormir seul, il s'agissait bien là du seul avantage. Je me redressais pour rejoindre une table après avoir tapé sur la tête d'un élève avec le livre que je tenais, lui jetant un regard noir pour que l'insolent se taise un peu. Après avoir fait régner l'ordre auprès de ceux qui avaient rejoint la bibliothèque pour diverses recherches ou certainement en ayant l'espoir de pouvoir bavarder avec leurs camarades, je pris place à une table solitaire, un peu plus éloigné du groupe. Le bibliothécaire n'était pas là et seul l'homme aux cheveux blanc travaillait sur son ordinateur en relevant de temps à autre les yeux pour assassiner du regard les perturbateurs. Je me relevais donc à chaque fois pour qu'ils travaillent en grognant, et ce fut avec un dernier regard que les jeunes élèves se turent en évitant d'attirer une nouvelle fois l'attention. Lorsqu'une jeune fille rejoignait l'acolyte de monsieur West, ce dernier leur offrait un charmant sourire qui faisaient teindre les demoiselles avec de jolie couleur rosé... Mais moi, ça me donnais plutôt envie de vomir tout cet amour qui débordait entre eux. Sans aucun doute, j'aurais pu dire que l'albinos était en vérité un coureur de juppons, malheureusement pour lui, son collègue lui voué un certain intérêt que j'avais remarqué sans grande difficulté durant le voyage.

Parce que oui, lorsqu'on voyait un homme sortir d'une chambre suivit peu de temps après par son camarade... On comprenait rapidement quel était le sujet de leur discussion. Je soupirais une nouvelle fois en hochant la tête pour le saluer lorsque ce dernier se releva pour partir. Comme à son habitude, il ne répondit pas, grimaçant simplement en dévisageant son entourage avec dédain. C'était aussi une chose que j'avais remarqué, il était doux avec les femmes, mais il n'avait aucune pitié pour les hommes... Il se laissait toutefois toucher de temps à autre pour son collègue, même un simple effleurement aurait été surprenant de sa part. D'un œil attentif, j'observais de nouveau les élèves, étudiant avec précision chacune de leurs habitudes. Catherine, une jeune fille plus loin devant faisait ses ongles. Elle avait horreur des mains abimées et ne supportait pas les toucher, sa famille était modeste mais elle avait été envoyé ici de force. Je tournais la tête, regardant un jeune homme dénommé John. Ce dernier était quant à lui, un garçon turbulent souffrant d'un manque affectif qui passait ses nerfs sur les premiers de la classe, il contrôlait le feu mais avait de grosse difficulté à parfaitement le maitriser. D'un haussement d'épaule évasif, je reportais mon attention sur ma lecture. J'en avais pas grand chose à faire de leur vie et de leur histoire, mais avant d'être devenu surveillant, je restais un grand informateur et il était de mon devoir de connaitre un grand nombre de chose sur les gens... Je pouvais ensuite vendre leur vie privé à ceux qui le désirait.

Plongé dans ma lecture, je ne prêtais plus attention aux élèves, lisant simplement et calmement "Le seigneur des anneaux" ou du moins, ce qu'il me restait à en lire. Trois fois, déjà trois fois que je dévorais le bouquin et il continuait toujours autant à me passionner. Il avait inventé cet univers dont j'étais tant épris, cet univers duquel je pouvais inventer toute sorte de créature plus fabuleuse les unes que les autres. Bien que le style d'écriture était quelque peu spécial et compliqué, si les gens préféraient regarder les films, moi, j'aimais lire et imaginer comme je le désirais les personnages. Au bout de mes doigts, un crayon dansait silencieusement, grattant parfois sans le désirer une feuille vierge calé sous mon coude. Sur cette page quasi immaculé, un croquis y était dessiné au dos, représentant une bête semblable à un croisement d'une panthère noir et d'un aigle. Je ne le finirais jamais, mais j'avais aimé imaginer une puissante bête à la grâce féline.

Je ne relevais pas la tête, pas même lorsque j'entendis une des chaises grincer contre le parquet. Une chaise proche de moi, un peu trop même.

« Bonjour… Excusez-moi de vous déranger, mais j’aurais besoin d’aide pour ma rédaction… Vous voulez bien m’aider ? »

Après avoir fini ma page sans même faire attention à l'intrus, je finissais par jeter un coup d'œil au dessus de mon livre, dévisageant le nouveau venu. Je ne me souvenais pas l'avoir vu, quand est-ce qu'il était entré ici ? Tout en fronçant les sourcils, je grommelais intérieurement contre ce sang gêne qui était venu sans autorisation. Ne devait-il pas demander la permission tout d'abord au surveillant de sa salle de permanence avant de s'introduire dans la bibliothèque ? Je reportais mon attention sur sa copie, refermant le bouquin en glissant habilement un marque page pour ne pas perdre mon passage avant de déposer le roman à mes côtés, le faisant glisser silencieusement à ma gauche. Sans même lui adresser la parole, je lui prenais sans aucune douceur sa feuille, le dévisageant. C'était un jeune garçon aux cheveux bleu, il devait avoir trois ans de moins que moi tout au plus. Je grognais. Je n'aimais pas les mecs avec ce genre de physique tape à l'œil, il se trouvait qu'ils étaient généralement excentrique, bruyant, curieux et collant. Pire que tout, ils étaient prétentieux et passaient de longues heures minutieuse à prendre soin de leur corps. Je regardais son travail, haussant un sourcil en lisant son sujet. Que voulait-il que je fasse dans une écrit d'invention ? Sans quitter des yeux la feuille, je soupiras en m'adressant directement à lui.

- C'est pathétique de voir que les gamins n'ont pas suffisamment d'imagination pour écrire un travail correct.

Je lui redonnais en la jetant presque devant lui, le fusillant avec dédain. Sans cette pièce quasi silencieux, on pouvait entendre le bruit de la pluie qui venait s'abattre sur les vitres. Je n'avais pas besoin de regarder le reste de la pièce pour sentir quelques regards posés sur nous... Mais surtout sur Drake Cooper. Oui, je connaissais son nom, comme tout ceux d'ici. Un jour, peut-être que je finirais par l'oublier, je finirais même sans aucun doute par oublier son visage, sa voix, ses habitudes... Mais je n'étais pas encore devenu une telle marionnette, il me restait encore une âme, peu, mais je l'avais toujours. Les autres élèves devaient se demander pourquoi il était venu me voir, moi, celui qui même durant ses années de pensionnaire avait été appelé le "démon à lunette", pseudo ridicule d'ailleurs. Si j'avais été seul, j'aurais pu tourner la tête pour regarder la pluie, écouter les orages tendit que chaque éclair m'aurais rappelé la chevelure blonde de la démone. J'aurais pu repenser à Sali, mais je n'en avais pas envie, parce que jamais je ne lui pardonnerais d'avoir failli causer ma mort. Comme pour me rappeler notre première rencontre, mon épaule me lança mais mon expression ne changea pas. Si j'avais eu un monologue internet, il ne s'était en vérité passé que quelques seconde, voir une ou deux minutes.

- À moins que ta déficience intellectuel soit la cause de ta difficulté.

Sans plus attendre, je reprenais mon livre en le rouvrant d'une main à l'exact page à laquelle je m'étais arrêté, baissant les yeux sur l'histoire passionnante des elfes et des humains pour me plonger une nouvelle fois dans les écrit du passé. Cette histoire était plus qu'un simple "conte de fée", il dénonçait une guerre qui avait réellement eu lieu quelques années auparavant. Je lui répondis toutefois une dernière fois.

- Débrouille toi.

L'adolescent ne sembla pas changer d'avis et reste à mes côtés. Qu'importe, j'étais capable de l'ignorer. Tandis que mes yeux tracé un chemin sur les lignes écrite, je ne pensais pas à l'histoire qui était raconté dans le bouquin. J'avais mes propre pensées. Je n'avais pas envie contrairement à d'habitude d'inventer une quelconque créature. J'en avais perdu l'envie. Doucement, mes doigts se refermèrent plus encore sur le livre, tirant légèrement sur une des pages sans le vouloir. Je changeais. Je n'aimais pas ce que je devenais, mais la douleur était de plus en plus forte. Parfois, je me tordais de douleur dans mon lit, me réveillant en sueur pendant qu'une plainte discrète tentait de s'échapper de mes lèvres. Lorsque la douleur ne m'assaillait pas... C'était Berserk qui venait me hanter et je me rappelais sans cesse de cette bête qui semblait vouloir me parler, me faire comprendre qu'une fois que la barrière disparaitrait... Il n'y aurait plus aucun espoir pour ceux de cette terre. Mon pouvoir était puissant, bien trop puissant même, mais à quel prix ? Je n'avais pas écouté ce que cet entêté de gamin m'avais dis, j'étais resté figé sur mon livre. Toutefois, je finis par relever les yeux sur son visage. Je fronçais les sourcils rageusement, restant de marbre face à l'élève mais... Je mourrais d'envie de le clouer à terre, de lui arracher ce sourire détestable sur ses lèvres. Lui avait un avenir, qu'avais-je moi ? Une mort assuré, mais pire que la mort, ce que je redoutais plus que tout... C'était l'oubli.

Ses traits semblable à ceux d'un ange faisait danser dans ma tête une image qui refusait de revenir. Je ne me souvenais que d'une voix enjoué et enfantine. Je me souvenais des appels d'un enfant qui demandait à son grand frère de lui raconter une histoire. Je me souvenais... D'un enfant qui ne voulait pas me quitter, mais je ne voyais pas son visage. S'il avait été brun, blond, roux, je n'aurais su le dire. Après quelques instant à le fixer, je fermais les yeux finalement, cherchant à me souvenir, de n'importe quoi. Mais malgré tout mes efforts je ne revis ni le visage de mon frère, ni celui de ma mère, ni même celui de mon défunt père. Je me souvenais d'une main qui cherchait à sortir du courant, d'un visage déconfit levant le poing pour frapper son enfant. Lorsque je rouvris les yeux, je me demandais quelle avait été la dernière expression de ma mère avant de mourir, enfermée dans un hôpital psychiatrique.

« - Je sais que je vous embête mais j’ai vraiment besoin d’aide, et je n’ai pas vraiment… D’ami ici… »

Je reportais mon attention sur Drake, il me semblait qu'il avait parlé quelques instants plus tôt d'un devoir chez les surveillants... Quelque chose du genre. Mes yeux se plantèrent dans les siens, comme pour découvrir ce qu'il était, pour comprendre sa vie. Les gens n'aimaient pas que je les regarde ainsi, il paraissait que je pouvais lire chez les gens comme dans un livre ouvert. C'était totalement faux, je connaissais les gens simplement parce que j'avais les bases de la psychologie, d'autant plus que j'étais une véritable fouine qui fouillait dans la vie des gens dans le plus grand des secrets. Je le foudroyais sur place, à moitié caché derrière le roman fait de trahison et de guerre. Lorsqu'enfin je me décidais à le répondre, ce fut d'une voix froide et ferme.

- Non, mon travail c'est de surveiller et de réprimander les fauteurs de trouble, pas de jouer les professeurs.

Je refermais les yeux, baissant de nouveau la tête en rouvrant les paupières pour recommencer ma lecture. Mince... À force de divaguer dans mes pensées, j'avais fini par perdre le fil de mon histoire. Soupirant doucement, je revenais une page en arrière pour recommencer à lire, laissant échapper faiblement, toujours aussi froid et distant.

- Et je ne suis pas là pour jouer les amis.

Pourquoi aurais-je eu besoin d'ami de toute façon ? Je n'étais pas gentil, ni amical, ni aidant. J'étais un simple surveillant qui finirait seul, sans aucun souvenir, dépourvu d'âme... Et personne ne pourrait me sauver. Créer des liens avec autrui n'était qu'une perte de temps.

Après mes propos peu amicaux, l'adolescent se mit à rire et je perdis une nouvelle fois le fil de mon histoire. Fermant lentement les paupières, je faisais le vide dans ma tête, oubliant la populace des alentours, mais tentant vainement plus que tout de chasser ce garçon de mes pensées. Il n'avait pas d'honneur, pire qu'un chien. Je détestais ce genre de personne. Une soudaine douleur m'emporta brusquement, mais mon visage ne changea pas d'expression, seul mes muscles se bandèrent tandis que je retenais de justesse ma main de s'accrocher à ma poitrine. Diable que ces monstres étaient réactif à mes humeurs. Je les sentais cogner, grogner pour sortir, réclamant le sang d'une faible victime. Mais je ne leurs fournirais pas Drake, je protégerais tout les ces élèves de mon propre pouvoir. C'était aussi pour ça que j'étais ici.

« - Je ne cherche pas à ce que vous soyez mon ami Monsieur, je souhaite simplement un peu d’aide… »

Je soupirais d'agacement, parce que j'avais déjà décidé avant même qu'il n'entre dans la pièce que je n'aiderais personne ce soir... Et certainement pas ce genre de gosse. Lorsque je rouvris les yeux, je posais mon regard sur son visage, le scrutant avec attention. À quoi ce genre de personne pouvait bien réfléchir ? Leur plus gros problème devait être de savoir quelle tenue enfiler le matin, voir peut-être de comprendre pourquoi leurs gentils parents avaient décidés de les chasser du jour au lendemain en apprenant qu'ils étaient monstrueux. Quant à moi... Je n'avais pas non plus énormément de problème, je ne m'en souvenais certainement pas. Toutefois, je ne me souvenais pas non plus d'événement heureux comme d'une contine que ma mère aurait pu me chanter dans mon enfance. Je ne me souvenais que des souvenirs les plus douloureux.

« - Mais apparemment, vous n’avez pas l’air d’avoir envie de m’aider… Soit, dans ce cas, je vais faire mon devoir tout seul, en restant ici. »

Sans lui adresser la parole, je le regardais faire, posant mon coude sur la table en fermant le poing, posant la joue contre pour m'y appuyer. Je le dévisageais sans scrupule, m'immisçant dans des pensées factrice dont je ne possédais pas la clé. Je le laissais travailler dans le silence, sans jamais ciller du regard, le fixant sans aucune expression, telle une statue de pierre. Lorsqu'enfin je me décidais à faire un mouvement, ce fut pour faire glisser ma chaise en arrière, me relevant en refaisant le tour des tables pour surveiller plus minutieusement le travail des garnements. Je n'étais cependant pas attentif à mon travail, si bien qu'en voyant un des élèves jouer aux cartes avec un de ses compères, je ne fis que me contenter de l'assassiner du regard puis de reprendre ma ronde. J'étais vide, si vide. Voir une personne si souriante me rappelais seulement ce que je n'étais pas, ce que je n'avais pas... Et à quel point je haïssais ce genre de personne, totalement dépourvu de fierté qui aurait rit pour un rien, qui aurait pu se faire insulter et tel un parfait abruti, serait resté sans comprendre, immobile, espérant se faire des amis. Je n'avais jamais été comme ça, surement parce qu'il fallait avoir des espoirs et des rêves pour être si niais. Je portais mon regard sur la vitre, contemplant les gouttelettes qui glissaient sur le verre. Je me rapprochais de la fenêtre, posant ma paume dessus en relevant les yeux vers le ciel, me murmurant à moi même.

- Ne faîtes pas comme si vous me connaissez... Je refermais les yeux, me rappelant des mèches rousse du psychologue, collant lentement mon front contre la vitre froide, vous ne savez pas qui je suis...

Ce serait mentir de dire que je n'avais pas envie en cet instant de me blottir dans mon lit, quémandant une chaleur inexistante. Qu'est-ce que j'attendais au juste ? Je ne voulais pas avoir d'affinité avec quiconque... Être seul était très bien, j'aimais ça. Alors pourquoi la lassitude devenait de plus en plus pesante chaque jour ? Quelle était cette chaleur que je recherchais au juste ?