A la recherche d'un peu de sérénité [PV Alan]

Après mon arrivée au pensionnat, j'ai décidé de visiter un peu les alentours. En vérité l'école est bien moins tranquille que ce que je pensais, les gens là-bas essayent tous de tisser des liens entre eux, comme une grande famille. J'ai légèrement envie de vomir en y pensant, ils ne sont certainement pas ma famille, ma famille s'est rompue par ma faute, ma soeur est morte... Je serre les points puis regarde autour de moi pour penser à autre chose. Je suis arrivé dans un parc, je souris, ça me faisait plaisir de voir de la verdure dans la ville. Bien évidemment il y avait le jardin du pensionnat mais il était plein d'élèves qui cherchaient à le connaître ou a l'amadouer, ici, je serai sûrement plus tranquille.

Je commence à me balader tranquillement sur les chemins qui parcourent la pelouse, puis repère quelques arbres formant un coin un peu ombragé et calme. Je m'y avance et m'assois au pied du plus haut. Je ferme doucement les yeux, savourant le bruit du vent et l'odeur des arbres. Je passe mes doigts dans l'herbe fraîche et souris en sentant la vie qui court à travers tous ces végétaux. Je rouvre les yeux après quelques minutes en repensant à la raison pour laquelle je recherchais un coin tranquille. Je prend mon sac, sors mon livre, mon cahier et un stylo.

- Très bien, alors par quoi je commence ?

Il faut que je prépare mes cours, et malgré une terrible envie de faire autre chose, je m'y attèle. Les calculs presque sans fins que je dois apprendre aux élèves ne sont pas les Mathématiques que je préfère, mais quelqu'elles soient, elles arrivent toujours à me détendre. Cherchant des exercices intéressants, je suis totalement captivé par ma feuille, le monde extérieur semble avoir disparu, me laissant seul avec mes chiffres et nombres.

J'ai l'air particulièrement inspiré aujourd'hui, le parc est calme, personne autour, ou presque. Je sens soudain quelque chose de poisseux me tomber dessus, jus de fruit à en juger par l'odeur, j'ai juste le temps d'écarter mes feuilles et livres pour éviter la catastrophe totale. Je lève les yeux pour voir le responsable, mais j'aperçois uniquement une silhouette disparaissant, un jeune homme apparemment, peut-être un étudiant du pensionnat, enfin sûrement un étudiant vu la manière dont il s'est volatilisé. Alors que je cherche un moyen de m'essuyer un minimum, je le sens réapparaître un peu derrière moi et passer son bras sur mes épaules. Son souffle se rapproche de mon oreille et il murmure :

-Tu n'as rien vu...

Je le regarde neutrement, il a bien l'âge d'être au pensionnat, je soupire en pensant que je risque fortement de l'avoir en cours si c'est le cas. Bon alors, il a l'air de vouloir jouer au plus malin, dans ce cas le plus simple est bien souvent de rester direct et premier degré.

- Eh bien, à vrai dire, si je t'ai vu t'écraser devant moi en m'aspergeant de jus de fruit, puis disparaître -joli tour de passe-passe soit dit en passant.

Je me dégage de ses bras, éloignant au passage d'un geste discret un début de lien entre nous deux. Je regarde autour de moi puis reporte mon attention sur lui.

- Puisque tu n'as pas l'air d'avoir peur de te salir, peux-tu m'aider avec ce jus ?

Je fouille dans mes poches dans l'espoir de trouver un mouchoir, sans succès, je me tourne à nouveau vers le gêneur, attendant sa réaction. Mon approche est peut-être un peu risquée avec quelqu'un qui semble assez enclin aux taquineries, mais j'ai vraiment besoin d'aide pour me débarasser de ce jus et éviter de ruiner tout le travail que j'ai déjà fait.

Je le vois alors faire un grand sourire, je comprend soudain qu'il n'est pas simplement joueur ou moqueur. Et cela se confirme quand il me répond d'un air pervers :

-T'es sérieux ? Tu veux vraiment que je t'aides avec ton jus ?

Je soupire et m'apprête à lui rappeler que ce n'est pas mon jus mais le sien, quand en s'approchant il passe doucement son doigt sur ma joue puis dans mon cou. J'essaye de me retenir, mais je frissonne tout de même légèrement et maudis mon corps si sensible. Son visage est à nouveau près de mon oreille, j'espère que ce n'est pas une de ses habitudes, car je manque de frissonner à nouveau quand il murmure :

- Ce sera avec plaisir.

Je ne sais pas comment je peux réagir, je ne dois pas rentrer dans son jeu, mais je peux peut-être le taquiner moi aussi. Le problème se pose s'il est bel et bien élève, je ne pourrais en rester simplement là si c'est le cas. Je n'arrive pas à deviner son âge, je n'ai toujours été très doué à ça et cela ne facilite pas ma décision. En même temps, ma priorité est surtout de me débarasser de ce truc qui est en train de s'évaporer en laissant des plaques collantes sur ma peau. Je décide de me lancer un peu à l'instinct, même si c'est risqué. Je prends un air très légèrement provoquant, tout en faisant comme si je ne comprenais pas ses sous-entendus.

- Tu m'en vois ravi.

Je regarde mon T-shirt qui semble assez irrécupérable, heureusement ma veste, elle, est imperméabilisée. Je les retire tous les deux en prenant garde à ne pas tacher mon pantalon qui a échappé par miracle au drame. Ce faisant je me tourne à nouveau vers le blond.

- Une idée pour que je m'en sorte ?

Je vais tenter de rester indifférent, c'est sûrement le choix qui entraînera le moins de complications par la suite, mais ce ne sera certainement pas le plus simple. Il faut espérer que cela ne l'énerve pas trop et surtout qu'il arrêtera d'essayer de me taquiner, je ne sais pas si je tiendrai dans le cas contraire...

Je vois son regard se faire un peu plus prédateur et je le sens me regarder avidement. Tout mon corps et tous mes instincts me préviennent d'un danger imminent, je sens que je dois faire quelque chose, je devrais m'enfuir, laisser même mon sac avec tous mes travaux... oui, même si c'est dur je devrais me relever et fuir mais je reste hypnotisé par son regard. Je ne remarque qu'au moment où je bascule que sa main est posée sur mon épaule et me pousse en arrière. Je le voit sourire alors que je me retrouve allongé dans l'herbe, lui au-dessus de moi. Il me regarde toujours en s'approchant pour me donner un petit coup de langue sur le torse. Je serre les poings pour ne pas frissonner, non, pas maintenant, je ne dois pas encore me laisser aller, je ne suis toujours pas sûr qu'il ne soit pas un de mes futurs élèves. Sa voix s'élève doucement, joueuse :

- Le seul moyen de le faire partir c’est de tout nettoyer…

Alors que je vais protester, je sens à nouveau sa langue sur ma peau. Je frissonne cette fois, mais je réussis à ne pas gémir en me mordant la lèvre inférieure. Je ne dois pas me laisser aller, mais je peux peut-être le laisser enlever tout le jus de fruit... Les tremblements de plaisir de mon corps me trahissent bien malgré moi. Pourquoi dois-je avoir un corps si sensible ?! Je ferme les yeux sans même en avoir vraiment conscience, je commence à sombrer doucement un gémissement me ramène à la réalité, c'est moi qui l'ai laissé échapper ? Oh mes Dieux, ça va beaucoup trop loin. Je fais un effort colossal pour ne pas gémir encore et prend une grande inspiration, autant tenter le tout pour le tout, je ne peux pas laisser la situation m'échapper, pas encore. Je réussis miraculeusement à articuler quelque chose, bien que de manière trop hésitante à mon goût...

- Eh bien... Ça ne te dérange pas de faire ça avec ton nouveau professeur de Mathématiques ?

Ça devrait le refroidir, je pense... non, j'espère plutôt... Même je me sens une fois de plus chagriné de penser que je me sers de mes chères Mathématiques comme d'un vulgaire tue-l'amour... Enfin, je suis dans une situation d'urgence, je n'ai plus qu'à attendre la réaction de mon "agresseur".

Il me regarde surpris, il va sûrement arrêter à présent, mais après quelque instant, il me lance un regard... amusé ? Oh non, apparemment ma tentative a eu l'effet inverse.... Il se rapproche pour murmurer encore une fois à l'oreille, je me retiens de frissonner maudissant cette habitude qu'il semble aimer.

- Au contraire.. Je trouve ça.. amusant.

Il me mord soudain l'oreille, je me mord la lèvre pour ne pas gémir. Il commence à me caresser le torse, je serre les poings et les paupières et me fait violence pour ne pas montrer de réponses à ses caresses. Cela ne semble pas le décourager, il faut dire que je ne doit pas être très convaincant...


-Et toi... ? N'es-tu pas gêné de ressentir un quelconque plaisir qui t'es procuré par un de tes futurs élèves ?

Il semble jubiler, il faut dire que je suis à bout, je commence à frissonner malgré tous mes efforts. Je ne veux pas perdre le jeu comme ça. Tant pis, pour de quelconque conséquences, je me refuse à perdre. Je rassemble toute ma concentration pour faire un petit sourire moqueur.

- Désolé de te décevoir, mais tu n'as pas encore assez d'expérience pour moi.

Un léger frisson me parcourt une nouvelle fois. Je fais un petit rictus, je ne dois toujours pas être convaincant, mais je reprends très vite mon expression contrôlée.

- C'est une de tes habitudes de te jeter sur les gens que tu viens à peine de rencontrer ?


[désolée d'avoir mis du temps j'avais pas vu ta réponse....]

Il semble aimer me torturer, génial ! Dans une autre situtation, j'aurais sûrement profité de ses caresses, surtout qu'avec mon déménagement et l'arrivée dans une région totalement inconnue, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pu me distraire avec quelqu'un. Mais je ne peux pas me le permettre maintenant et certainement pas avec un gamin, même s'il faisait plus âgé. J'avais réussi à résister à ses dernières caresses sans (trop) frissonner, mais ma respiration restait légèrement haletante et je sentais mon rythme cardiaque accélérer.

Il a un air légèrement étonné devant ma question, puis il se met à rire et m'ébouriffe les cheveux. Et soudain, je revois Sylvain avec son sourire éblouissant en train de m'encourger avant un examen, puis Marc me consolant à l'aéroport alors qu'il partait en voyage. Je sens une douleur dans la poitrine, pourquoi je repense à eux ? Pourquoi ce gamin ramène-t-il tous ces souvenirs ?

- Non... Je ne me jette que sur les meilleurs, sur ceux qui en valent la peine, ou qui me plaisent particulièrement.

Il ne doit pas se rendre compte de ce qu'il dit. Moi-même, je n'ai pas enregistré le sens de ces paroles, tout ce qui m'a atteint, c'est son ton charmeur et insouciant. Mes Dieux, dans un flash, je l'imagine dans plusieurs années, ayant gagné en maturité et en beauté et je vois Sylvain à sa place. Je panique et frappe son bras pour l'écarter de moi, je recule précipitemment et me plaque contre l'arbre derrière moi avec ma veste que j'ai ramassé au passage en protection inutile sur mon torse. Non, ce n'est pas Sylvain, il n'est plus là, il m'a quitté, l'amour de ma vie m'a quitté pour toujours et je ne veux plus revivre cela, plus jamais. Sans que j'y prenne vraiment garde, je me suis mis à élever la voix :

- Vas-t-en ! Laisse-moi tranquille !

Mon corps tremble à nouveau mais ce n'est plus des frissons de plaisir, une douleur profonde m'a envahi tout entier.

- Tu n'es pas lui, ne me touche pas !

J'ai caché mon visage dans mes bras et je ne m'aperçoit qu'il s'est approché que quand sa main effleure ma joue, je tente de reculer mais je suis déjà coincé contre l'arbre. Il murmure doucement, comme s'il voulait calmer un animal craintif :

-Ne t'inquiètes pas... Il ne faut pas avoir peur... je ne vais pas te violer.

Il essaye de me rassurer, je le comprend bien, mais il ne fait que raviver de vieux souvenirs. Je finis même par avoir l'impression qu'il est en train de profaner ma mémoire, il n'est pas Sylvain, alors pourquoi est-ce que je les assimile tous les deux. Il continue à parler, mais le sens de ses paroles m'échappe. Il prend alors ma main pour l'embrasser doucement, je la retire précipitamment devant son sourire, je sens bien que j'ai l'attitude d'un animal devant du feu : j'ai peur, mais je suis fasciné. Je le regarde dans les yeux pour tenter de reprendre un pe de contenance mais ma voix se brise quand je parle :

- Je ne veux pas de ta gentillesse... laisse-moi tranquille...

Je tente de le faire reculer en le poussant mais en même temps, je m'agrippe à lui comme à une bouée de sauvetage. Je me mets à penser à voix haute, je ressemble à un enfant, mais je n'arrive pas lâcher cet adolescent qui lui ressemble tant.

- Je ne veux pas... je ne peux pas... J'ai peur... ils sont tous partis, je ne veux pas recommencer... J'ai peur...

Je ne sais exactement ce qui s'est passé, mais je me suis retrouvé blotti dans ses bras, désespérément accroché à son pull. J'ai fini par craqué, cela fait trop longtemps que je n'ai pas profité d'une autre chaleur humaine sans avoir pour but de me divertir. Je me force à calmer ma respiration et attend sa réaction avec angoisse.

Je dois avoir l'air misérable, pourtant l'autre ne dit rien, il se contente de me caresser les cheveux. Je me laisse aller à ce contact, je ne suis pas le genre de personne qui peut tout encaisser sans broncher, j'ai besoin de quelqu'un qui puisse me soutenir dans des moments comme celui-ci. Mon corps tremble encore malgré tout, j'entends la voix du garçon me parler en me serrant doucement :

- Calme toi.. S'il te plait... Ne pleures pas... Je n'aime pas voir quelqu'un pleurer...

Je ne me suis même pas rendu compte que j'avais commencé à pleurer. Je m'apaise petit à petit tandis qu'il me rélève la tête pour m'embrasser sur la joue. Je frémis faiblement à ce contact. Il me tend un mouchoir, je le prend par automatisme, j'ai l'impression d'être un gamin qui se fait réconforter par un de ses cousins plus âgé. Je m'essuie les yeux, puis me mouche. Je lève ensuite le regard vers le jeune homme, toutes les limites que je me suis toujours mis pour me protéger ont cédé. J'ai l'impression d'être redevenu un enfant, je me rapproche doucement.

- Ne m'abandonne pas. Reste avec moi.

Je ne réfléchis plus du tout, j'ai juste besoin de sentir quelqu'un à mes côté, me sentir proche de quelqu'un à nouveau. Il a briser toutes mes défenses, je ne suis pas en état de le repousser à présent, il est trop tard. Je n'aurai pas le courage de couper le lien qui nous lie sûrement à présent. Mon corps agit sans mon esprit, mes mains attrape lentement son col, et je l'embrasse.

Le jeune homme s'écarte de mes lèvres, je m'attends à ce qu'il me repousse, qu'il s'en aille, après tout, quel intérêt de jouer avec un adulte pleurnichard. Pourtant, je sens ses mains sur mes joues et il m'attire dans un baiser fougueux, je m'abandonne, je n'ai pas de raison de lutter, mon corps ne m'obéit plus, je lui réponds avec empressement, m'accrochant à lui. Le blond est doux, tout comme Sylvain l'était, je me laisse entraîner par des sentiments et des sensations que j'ai délaissé trop longtemps. Quand il éloigne à nouveau ses lèvres, je le regarde hébêté, je ne sais plus où j'en suis, mon coeur bat la chamane et mes bras et mes jambes sont envahis de frissons. Le garçon sourit en me regardant puis m'enlace et me mumure à l'oreille :

- Ne t'inquiètes pas... Je ne te laisserais seul.. Je ne t'abandonnerais pas..

Il se redresse en me levant avec lui et m'embrasse doucement la main. Je me laisse faire, j'attends ce qui va venir, j'ai peur et pourtant je n'arrive pas à fuir.

- Allons ailleurs... Entendu ?

Je le regarde confus, puis je baisse mes yeux pour regarder mes affaires, par terre. Mon cahier gît presque misérablement au pied de l'arbre. Je me rend alors enfin compte de la situation dans laquelle je me suis retrouvé. Je me recule, retrouvant petit à petit mes esprits. Je fixe à nouveau mon vis-à-vis et secoue la tête dans une réponse négative. Je suis calme à présent, je me sens même apaisé, je souris sincèrement au jeune garçon.

- Je ne peux pas. Je suis désolé, mais ça fait trop longtemps, je ne sais plus comment on fait.

Je remets de l'ordre dans mes affaires, mon T-shirt est tout poisseux du jus de fruit qui a commencé à sécher, je soupire en le repliant le mieux possible tout en attendant la réaction de l'autre.

Il se rapproche et me regarde ne semblant pas comprendre ce que je lui dis, après tout je ne peux pas lui en vouloir, je sais que mes réactions ne sont pas toujours très claires pour les autres.

- Qu'est-ce que tu ne peux pas ? Sortir avec un de tes élèves ? Si c'est le cas c'est dommage...

Je relève la tête pour lui expliquer que ce n'est pas cela, mais je le vois sourire sadiquement. Il se penche vers moi et je sens soudain son souffle sur mon oreille, des frissons m'agitent à nouveau dans tout le corps. Ca fait longtemps que je n'ai pas ressenti quelque chose avec autant d'intensité. Je n'ai jamais été abstinent, mais je n'ai plus eu de relation plus poussé avec quelqu'un depuis plusieurs années. J'ai l'impression que mon coeur va exploser dans ma poitrine à chacune de ses caresses. Il me chuchote à nouveau quelque chose à l'oreille.

- Oui.. Dommage.. Enfin surtout pour toi. Vois-tu... Tu me plais vraiment. Je n'ai donc pas l'intention de renoncer si vite.

Bon sang, qu'est-ce que ce garçon à de spécial ? Pourquoi est-ce que je me sens tellement attiré par lui ? Est-ce parce que, sous ces airs de prédateur, il y a une certaine inocence ? Est-ce parce qu'il lui ressemble ? Je ne sais pas... Je ne sais pas et je n'ai pas envie de savoir. Je lui attrape le visage pour l'embrasser à nouveau, presque de manière désespérée. Ma langue force presque la passage de ses lèvres pour rejoindre son homologue. Instinctivement, je cherche à me rapprocher le plus possible de ce garçon qui a fait tombé toutes mes barrières. Pourtant, il faut que je me raisonne, que je me calme, je suis en train de me précipiter dans les bras d'un jeune garçon, que je viens à peine de rencontrer, qui est un de mes élèves et qui ne comprend sûrement pas l'engagement de dire qu'il ne me laissera jamais. Je recule à nouveau, mais plus lentement pour qu'il ne prenne pas à nouveau cela pour un refus ou un rejet. Je m'assois lentement, essayant de mettre mon esprit au clair.

- Ce n'est pas toi ou le fait que tu sois un de mes élèves... Je... je n'ai pas eu de relations humaines depuis... des années.

J'ai un rire nerveux en me rendant compte que je ne sais même pas depuis combien de temps exactement. Marc ne représente plus grand chose à mes yeux en tant que compagnon et j'ai même oublié la date de notre rupture, la date où j'ai moi-même briser ma vie, je l'ai oublié. Mon rire augmente d'intensité, si bien que quelques larmes coulent sur mes joues, je lève les yeux au ciel.

- Je suis irrécupérable.

Il m'embrasse une nouvelle fois, m'entraînant à nouveau dans un élan de passion. Il est vraiment persévérant, ce serait tellement simple de me laisser aller avec lui, mais après ? Devrais-je le laisser ? ou bien m'attacher à lui jusqu'à ce que mon coeur se brise à nouveau quand il se sera lassé ou qu'il aura trouvé quelqu'un de mieux pour lui ? Je sors de mes pensées alors qu'il se détache de moi, je m'apprête à l'embrasser encore. Je sais qu'il va falloir faire un choix, alors je veux repousser ce moment le plus possible, si nous parlons à nouveau, je ne pourrais m'accrocher sans conséquences. Je ne veux pas, laisse-moi profiter encore un peu, s'il te plaît. Malheureusement, son pouvoir ne semble pas être de pouvoir lire les pensées, son sourire et son regard m'arrête, je retiens ma respiration, je suis piégé... sa voix sonne étrangement à mes oreilles :

- Si tu as oublié je t'apprendrais... Ou plutôt nous apprendrons ensemble.

Son sourire m'attire irrésistiblement. Comment peut-il avoir un regard si sadique par moment, puis un air si angélique ? Si j'écoutais mon coeur, mon corps, je serais déjà dans ses bras, je me serais déjà abandonné à cet enfant qui me fait sentir si vivant. Pourtant je ramasse mes dernières affaires lentement, cela fait longtemps que je n'écoute plus ni mon coeur, ni mon corps, et que c'est mon cerveau qui prend toutes les décisions. Je referme mon sac, me concentrant sur ces actions pour reprendre complêtement contrôle de moi-même. Quand je redresse la tête, je suis à nouveau conscient de tout, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose où pas, mais c'est ce qui m'a éviter de souffrir depuis ma séparation avec Marc, alors ce ne peut pas être le pire choix possible. Je dois avant tout penser à ma sécurité, à me protéger de tous les sentiments qui peuvent me blesser. Je regarde le jeune homme avec un petit sourire triste.

- Désolé, mais je n'ai pas tout à fait envie de réapprendre.

Je me relève et commence à partir. Voilà, c'est ça, s'en aller, lentement, mais sûrement, ne pas lui laisser l'occasion de réagir et disparaître. C'est ce que je dois faire, c'est ainsi que je vais me préserver, je ne veux pas souffrir plus, je ne dois pas m'attacher plus ! Alors, pourquoi est-ce que je me suis arrêté ? Je suis toujours dos à lui et je ne veux pas me retourner mais je ne peux pas partir. Ma bouche s'ouvre et les mots sortent tous seuls :

- Si je te plais tellement, attends-moi un peu. J'ai besoin de temps, mais je ne suis peut-être pas si irrécupérable que ça...

Pourquoi ai-je dit cela ? C'est faux, je suis irrécupérable, ou plutôt je ne veux pas être récupéré ! Être récupéré par quelqu'un, c'est souffrir un jour ou l'autre, et je ne veux pas souffrir, alors pourquoi est-ce que ces mots me semblent si forts, si réels ? Je ne regarde toujours pas en arrière, je ne sais pas comment a réagi mon interlocuteur, je m'en vais. Je m'enfuis je crois, je ne sais pas vraiment, mon esprit n'est plus du tout clair. En tout cas, je m'éloigne.