Bonjour madame (Pv: Médusa Romaneshka)

Il s'était écoulé du temps depuis mon arrivée et ma rencontre avec Médusa, la CPE du pensionnat. Je marchais dans le couloir en soupirant, une sucette à la bouche, j'avais été si bête, si... faible. Voilà que ma CPE me fuyait. Un cadavre de peluche était posé sur mon lit, enfin, une peluche quasiment déchiquetée. Chaque fois que j'était en colère contre moi c'est ce que je faisais bien que je tentais de le cacher afin qu'on ne me prenne pas pour une folle. J'était juste énervée, agacée par mon propre comportement. Les couloirs étaient vide à cette heure-ci, je me laissais donc aller, je jetais mon bâton de sucette dans la poubelle la plus proche et serrait ma minuscule peluche, elle avait un bras recousu, je crois que je l'avais déchiré le jour où mon père m'avait annoncé qu'ils allaient m'envoyer ici. Je ne regrettais pas son choix.
J'étais complètement perdue dans mes pensées quand un bruit de porte qui se ferme attira mon attention, je regardais derrière moi, rien, je regardais à nouveau devant moi et je vis une personne que je n'aurais pas espéré revoir. Médusa Romaneshka. Je me mis à courir vers elle, et, vu la chance que j'ai, je trébuchais et m'écrasais au sol, je m'empressais de me relever et je dis simplement, les joues rouges de honte :

-Bonjour madame.

Il m'arrivait encore de repenser à cette élève.. Echo... Je supposai qu'elle m'avait déjà oublié depuis le temps et s'était fait de nombreux amis. Je retins un bâillement intempestif. Je marchai dans les couloirs à la recherche d'élèves sécheurs. Un bruit attira mon attention dans une salle normalement vide. J'ouvris la porte d'un coup ce qui fit sursauter trois élèves. Un sourire sadique s'étendit sur mon visage, les surprendre était toujours très divertissant. Après leurs avoir collé 2heures de colles avec moi bien sûr je les renvoyai en cours. Refermant la porte et la verrouillant cette fois je commençais à m'éloigner quand une jeune fille à la chevelure blanche s'écrasa à mes pieds. Je la reconnus tout de suite... Echo... J'aurai mieux fait de continuer ma route mais mon... cœur ? me disait de rester... Pfff quelle plaie... J'avais pourtant réussi à refouler cette partie de moi il y a déjà des années... Elle se releva.

-Bonjour madame.

-Bonjour Echo... Toujours aussi maladroite ?

Pendant sa chute je m'étais reculée, je ne voulais pas qu'elle soit trop proche... Pour éviter les risques on va dire... Je l'observai et je me surpris à la trouver jolie. Sans rien laisser paraitre, j'affichais comme toujours mon masque glacial.

-Bonjour Echo... Toujours aussi maladroite ?

Oui bon d'accord, je tombais souvent, j'étais très maladroite. Mais avant... Où était ma peluche ?! Je la vis au sol, la ramassais et la cachais rapidement derrière mon dos, gênée d'avoir encore besoin de ça à mon âge. J'inclinais un peu la tête.

-Oui... Malheureusement !

Je ris un peu de ma maladresse puis repris mon sérieux, mes mains derrière mon dos, ma peluche serrée dans ma main. Cette situation était gênante... Je repris et dit en souriant :

-Vous allez bien depuis la dernière fois ?

Je ne savais pas comment lui dire que... Je n'avais pas cessé de penser à ce qui s'était passé la dernière fois. J'avais l'impression qu'elle me fuyait depuis ce qui s'était passé et mon petit doigt me disait que ce n'était pas qu'une impression. Je voulais lui demander ce que j'avais fait de mal mais je n'osais pas. Et si inconsciemment je l'avais froissé ! Je baissais les yeux en réfléchissant puis les relevais et regardais la personne en face de moi. Celle qui avait la réponse à toute mes questions... Mme Romaneshka.

-Vous allez bien depuis la dernière fois ?

Est-ce que j'allais bien ? Bien sûr que non... elle avait chamboulé mon univers de glace que j'avais maintenu depuis tant d'année... Un simple sourire avait fissurer ma carapace... Comment pouvais-je aller bien alors que je voyais mon humanité ressurgir malgré moi ? Je refusai... les sentiments étaient source de malheur... Seule un fou se laisserai submerger par ceci... La mâchoire contractée et le regard fuyant je finis par répondre.

-Il m'arrive d'avoir des sautes d'humeur ces temps-ci... et toi ?

Peu être que si j'étais froide elle renoncerait à afficher cet air sur son visage... Peu être arrêterait-elle de sourire devant moi pour mettre fin à mon supplice... Inspirant et expirant lentement je ne savais pas quoi faire... Je ne voulais plus être déchirée ainsi mais je ne voulais pas lui faire de mal non plus... L'avoir vu pleurer la dernière fois m'avait fait mal au coeur... Alors si c'était moi qui provoquais ces larmes... Je ne pourrais me le pardonner... Allais-je donc fuir à nouveau ? Cette petite... pourtant si fragile et inoffensive me mettait en déroute... Sérieusement... C'était n'importe quoi...

-J'ai à faire... Bonne journée à toi...

Je me tournai avec lenteur... Pourquoi n'allais-je pas plus vite ? Voulais-je qu'elle me retienne au fond de moi ? Impossible... Un serpent sent le danger et fui lorsqu'il comprend qu'il ne peut pas lutter... Et à ce moment présent, je ne pouvais lutter contre elle...

-Il m'arrive d'avoir des sautes d'humeur ces temps-ci... et toi ?

Des sautes d'humeurs ? J'espérais ne pas en être la cause ! A son visage je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui clochait. Je continuais de sourire, un jour un ami, le seul que j'ai eu, m'avait dit : "Ton sourire illumine le monde, quand tu es triste pense à ça et souris." Je répondis alors, d'une voix plutôt joyeuse.

-Ca peut aller !

Il se passa quelques instants, un grand blanc s'installa entre nous. Je voyais bien qu'elle était mal à l'aise mais je ne savais que faire pour arranger ça, finalement ce fut elle qui le brisa en disant :

-J'ai à faire... Bonne journée à toi...

Mon coeur se serra, je cessais de sourire et, lorsqu'elle se tourna et commença à partir mon sang ne fit qu'un tour, je ne voulais pas qu'elle parte, je voulais rester avec elle. J'en étais sûre maintenant. Rapidement je lui pris la main et dit, la gorge nouée.

-J'ai... fait quelque chose de mal ? J'ai vraiment l'impression que vous m'évitez et que vous me fuyais madame... Je vous en prie, dîtes moi ce que j'ai fait qui vous a froissé ou embêté...

Je la lâchais doucement, me rappelant ce qui s'était passé la dernière fois que je l'avais tenu fort. Je ne voulais pas qu'elle me fuis.

-J'ai... fait quelque chose de mal ? J'ai vraiment l'impression que vous m'évitez et que vous me fuyais madame... Je vous en prie, dîtes moi ce que j'ai fait qui vous a froissé ou embêté...

Elle n'avait pas tenue ma main longtemps et pourtant ce contact suffit à me faire tressaillir... Elle pensait m'avoir froissé... Brave petite... Elle se sentait coupable et avait remarquer que je l'évitais autant que possible... Je soupirai et me retournai, puis la regardant droit dans les yeux je lui répondis :

-Rassures toi, tu n'y es pour rien... Il vaut juste mieux pour toi que je reste loin de toi... Je fais cela dans ton intérêt...

J'avais omis certain détail mais dans le fond c'était ma pensée... Rester loin d'elle et construire un mur entre nous deux pour l'empêcher d'avoir trop mal. Je ne savais pas comment lui expliquer... Il valait mieux pour elle qu'elle ne sache rien... Je repensai avec une certaine mélancolie à Ekaterina... D'ailleurs Echo lui ressemblait énormément... Ekaterina... Je l'avais aimé... sans refouler mes sentiments... Je l'avais protégé et lui avait conté mes secrets... mes actes horrifiants... Et elle m'avait rendu mon amour, sans crainte d'être blessée, sans me prendre pour un monstre... Elle me rappelait mon humanité... Ravivait mes émotions et mes sentiments... Je fermais les yeux en repensant à cette nuit là...


Les poings serrés je sentis les larmes perler sur mes joues... Non... Maintenant je me mettais à pleurer... C'en était trop...

Elle se tourna vers moi et me regarda dans les yeux :

-Rassures toi, tu n'y es pour rien... Il vaut juste mieux pour toi que je reste loin de toi... Je fais cela dans ton intérêt...

Dans mon intérêt ?! Mais je m'en foutais de ça ! Et puis pourquoi dit-elle ça ? En quoi le fait qu'elle et moi soyons un peu proche me mettrait en danger ? J'étais capable de me défendre ! Enfin... Bon bref oublions ça ! J'étais entièrement perdue dans mes pensées lorsque je me rendis compte qu'elle pleurait. Je la regardais un peu étonnée. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Je m'avançais un peu plus vers elle et hésitait avant de lui prendre la main, n'osant pas pousser le contact plus loin.

-Madame ? Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous... avez besoin d'en parler ?

Mon coeur battait plus vite au contact de sa peau froide... Je ne savais pas ce qui m'arrivait... Enfin... J'avais déjà ressenti ça... Une fois... Une vraie catastrophe d'ailleurs. Mes parents m'avaient d'ailleurs interdits de revoir cette personne. Je ne l'ai jamais revu. Je caressais du bout du doigt la main de la CPE, je ne comprenais pas mon geste... Ni mon coeur... Raahh ! Pourquoi je parlais de ça moi ? C'est angoissant... Surtout la sensation que j'ai ressenti quand je l'ai vue s'éloigner...

-Madame ? Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous... avez besoin d'en parler ?

En parler ? Non surtout pas... Pas à elle... Pauvre petite, elle ne devait rien comprendre. Sans chercher à retirer ma main de la sienne, je m'adossai contre le mur du couloir et me laissai tomber sur le sol. Tirant sur son bras je l'incitai à faire de même... J'attendis qu'elle fit de même puis dans un soupir je lui dis.

-Ce n'est rien... C'est juste que tu me rappelles quelqu'un... Une femme... Que j'aimais profondément et qui me comprenait malgré ma différence... Mais elle est morte par ma faute... Par ma faute ? Non... C'est moi qui l'ai tué... Lors d'une crise... Je n'avais pas encore le contrôle total sur mon pouvoir à cet époque...

J'avais baissé la tête pour fixer le carrelage du couloir. Je la relevai pour la fixer droit dans les yeux.

-J'ai beau avoir repris le contrôle, il y a encore des risques que j'éclate et que je blesse quelqu'un... et ça je refuse...

Qu'est ce que j'essayai de lui faire comprendre ? Que j'avais simplement peur de faire du mal à quelqu'un ? Ou qu'en fait j'avais peur de la blesser par hasard ?... Ou bien que je ne voulais pas qu'il se passe la même chose qu'il y a des années ?... Je préférais ne pas y penser... Je m'aventurai sur un sentier glissant et bien trop dangereux... Il était encore temps pour moi de faire demi tour... Mais en avais-je réellement envie ? Pourquoi choisir était-ce si dur tout à coup ? Moi qui avais toujours réussi à trancher la poire en deux sans hésitation, moi qui avais plusieurs fois sacrifié des innocents juste pour sauver ma peau ou pour le plaisir... ? Que m'arrivait-il ? Je le savais très bien au fond de moi... Mais je refusais de me l'avouer... C'était trop dur... Trop pénible... Je ne voulais pas rouvrir d'ancienne blessure. Je posai un regard sur sa main qui tenait la mienne... Je trouvai ce contact apaisant au fond...

Elle s'adossa au mur du couloir et se laissa glisser pour finir assise au sol, tout ça en tenant ma main. Lorsqu'elle me tiras sur le bras, j'en déduis qu'elle voulais que je me joigne à elle et je m'assis donc à côté d'elle et l'écoutais attentivement.

-Ce n'est rien... C'est juste que tu me rappelles quelqu'un... Une femme... Que j'aimais profondément et qui me comprenait malgré ma différence... Mais elle est morte par ma faute... Par ma faute ? Non... C'est moi qui l'ai tué... Lors d'une crise... Je n'avais pas encore le contrôle total sur mon pouvoir à cet époque...

Je ne sus quoi répondre, gênée de lui infliger une douleur qu'elle ne voulait surement pas... Elle baissa la tête puis la releva et me regarda dans les yeux puis dit :

-J'ai beau avoir repris le contrôle, il y a encore des risques que j'éclate et que je blesse quelqu'un... et ça je refuse...

Je ne comprenais pas totalement le sens de sa phrase. D'après des rumeurs elle était assez sévère et méchante mais je ne trouvais pas... Au fond elle était triste... Ma gorge était nouée, j'ouvris la bouche pour répondre puis la refermais, ne sachant que dire. Je finis donc par lui répondre :

-Vous avez peur... de me blesser ? Et... Je suis désolée si je vous fait souffrir... ou que je vous rappelle des souvenirs... Je ne veut pas vous rendre triste... Je crois que je tiens à vous...

Je détournais mon regard du sien, qu'est-ce que je viens de dire... ?! Ça ressemble à une déclaration... Bien qu'assez ambiguë ! Oh mon dieu ! Je ne viens quand même pas de faire à ma CPE une déclaration d'amour ! La seule chose que je désirais à ce moment là, m'enfuir.

-Vous avez peur... de me blesser ? Et... Je suis désolée si je vous fait souffrir... ou que je vous rappelle des souvenirs... Je ne veut pas vous rendre triste... Je crois que je tiens à vous...

Je voulais lui hurler de se taire mais je n'arrivai pas à ouvrir la bouche pour articuler le moindre mot, ma bouche était sèche, ma respiration lente et pénible et mes poumons en feu. Elle ne pouvait pas tenir à moi... Non, elle ne devait pas... Elle me rendait un peu confuse et j'avais du mal à me retrouver dans mon esprit, je n'arrivai pas à réfléchir convenablement enfait... Je ne savais pas trop si cela m'énervait ou pas... Quelle plaie, comme si j'avais besoin de ça... Je repris ma main, un peu brusquement et me relevai aussi sec. Puis baissant les yeux je dis froidement.

-Tu ne sais pas ce que tu dis, ne tiens pas à moi cela sera mieux pour toi comme pour moi.

Je ne voulais pas être brusque avec elle mais je ne savais pas quoi faire d'autre pour la tenir à l'écart du danger que je représentai... Cela me faisait même un peu mal de lui infliger cela... Si seulement j'avais été froide dès le début, elle ne m'aurai pas trouvé gentille ou quoique ce soit d'autre... C'était donc de ma faute.

Elle retira sa main de la mienne et se leva rapidement, elle baissa les yeux vers moi et me dis froidement :

-Tu ne sais pas ce que tu dis, ne tiens pas à moi cela sera mieux pour toi comme pour moi.

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Je voulais bien être une petite fille modèle, gentille, joyeuse, polie. Je pouvais aussi être une fille sensible, faible et pleurnicharde. Mais qu'on me prenne pour une idiote, qu'on remette autant en question ce que je pense et ce que je dis... Ça jamais. Je me levais à mon tour et lui fit face, froide.

-Madame, j'ai beaucoup de respect, et d'affections pour vous mais il y a une limite. Votre réaction est ridicule ! Vous êtes stupide de vous comporter ainsi. Vous avez peut être tué un être proche mais... voyez vous, vous n'êtes pas la seule à avoir fait ça.

Je m'interrompis, et m'approchais d'un pas.

-J'étais amoureuse. Un garçon, le fils du majordome. Mes parents l'ont découverts et mon père l'a tué.

J'avais dit ça froidement, comme si c'était une chose qu'on dit toujours.

-C'était peut être indirect mais il est mort par ma faute. Aujourd'hui, je ressens un sentiment, le même qu'autrefois. Sauf que cette fois, mes parents ne sont pas là pour tout gâcher.

Voilà, c'était dit. J'avais tout avoué et ma CPE connaissait mon autre comportement. Celui que je refoulais en dévastant mes peluches...

-Madame, j'ai beaucoup de respect, et d'affections pour vous mais il y a une limite. Votre réaction est ridicule ! Vous êtes stupide de vous comporter ainsi. Vous avez peut être tué un être proche mais... voyez vous, vous n'êtes pas la seule à avoir fait ça.J'étais amoureuse. Un garçon, le fils du majordome. Mes parents l'ont découverts et mon père l'a tué.C'était peut être indirect mais il est mort par ma faute. Aujourd'hui, je ressens un sentiment, le même qu'autrefois. Sauf que cette fois, mes parents ne sont pas là pour tout gâcher.

Un sourire affectueux apparu sur mon visage, elle était si fragile et tellement timide... Et pourtant elle avait trouvé assez de courage pour affronter ma personne et mon regard impénétrable. Elle me rappelait encore plus Ekaterina à cet instant... Elle n'était pas non plus physiquement impressionnante mais elle disait toujours ce qu'elle avait à dire. Je lâchai un soupir à moitié amusée à moitié exaspérée, elle était sans doute la raison de sa mort mais elle n'avait pas commis l'acte... Elle s'était rapprochée d'un pas ... Trop proche à mon goût...

-Tu ne l'as pas tué, moi si. Tu te sens peu être responsable mais ce n'est pas de ta faute si tes parents sont aussi stupides que la plupart des humains sur cette Terre. Moi si je n'étais pas entrée dans une colère inutile elle ne serai pas morte...

Cette fois-ci ma froideur avait disparu, je n'avais pas envie qu'elle se sente plus mal encore à cause de moi. Je me sentais déjà assez responsable comme cela...

Un sourire se dessina sur les lèvres de mon interlocutrice, moi je ne souriais pas, pas cette fois, pas en cet instant. Elle laissa échapper un soupir et me dit, sans aucune froideur dans la voix :

-Tu ne l'as pas tué, moi si. Tu te sens peut être responsable mais ce n'est pas de ta faute si tes parents sont aussi stupides que la plupart des humains sur cette Terre. Moi si je n'étais pas entrée dans une colère inutile elle ne serai pas morte...

Elle n'avait pas tord, j'eu un instant d'hésitation durant lequel la pensée d'abandonner et de m'enfuir me traversa l'esprit. Non, il en était hors de question ! Je n'allais pas abandonner, pas maintenant ! J'inspirais lentement puis plantais à nouveau mon regard dans le sien en déclarant, d'une voix plus douce.

-Tout dépend des circonstances et des raisons pour lesquelles vous vous êtes emportée. Votre réaction était peut être justifiée, les circonstances ont du vous dépasser, la personne que vous aimiez doit déjà vous avoir pardonnée. Ne pensez vous pas qu'il faut arrêter de vivre dans le passé et avancer ?

Je laissais un léger soupir m'échapper.

-Enfin... Je dis ça mais je n'en suis même pas convaincue moi même.

Ma voix était redevenue évasive, un peu triste, un léger sourire se dessina sur mes lèvres et je replantais mon regard dans celui de Mme Romaneshka.

-Tout dépend des circonstances et des raisons pour lesquelles vous vous êtes emportée. Votre réaction était peut être justifiée, les circonstances ont du vous dépasser, la personne que vous aimiez doit déjà vous avoir pardonnée. Ne pensez vous pas qu'il faut arrêter de vivre dans le passé et avancer ? -Enfin... Je dis ça mais je n'en suis même pas convaincue moi même.

Oublier et avancer... ? Je tournais la tête vers la fenêtre observant une nuée de colombe passer tout près. Je tendis la main et posai mes doigts sur le verre froid et translucide. Puis j'apposai mon avant bras contre la vitre en même temps que mon front. Mon regard était perdu dans le vide et mélancolique en même temps. Je murmurai

-Avancer ? Oublier ? Vivre avec ? Vivre... J'ai l'impression d'avoir vécu trop longtemps... Et trop de choses surtout... La vie est loin d'être un simple sentier où l'on peut se promener...

Je tournais la tête vers elle avec lenteur.

-Tu es trop jeune pour le comprendre... Mais tu t'en apercevras vite.

Je recollai mon front contre le carreau observant les élèves dehors, débordant d’énergies et de joie, mais surtout d'ignorance. Dehors le vent soufflait, les branches se pliaient sans résister et laissaient les feuilles dorées et roussis par le soleil s'envoler et se faire emporter au loin. Je fermai les yeux en faisant le vide dans mon esprit. Après toutes ces paroles la tâche s'avérait difficile mais il ne fallait pas que je me laisse submerger par mes émotions et mes pensées.

Elle se détourna et s'appuya contre la vitre, elle avait l'air triste... mélancolique... Elle déclara alors :

-Avancer ? Oublier ? Vivre avec ? Vivre... J'ai l'impression d'avoir vécu trop longtemps... Et trop de choses surtout... La vie est loin d'être un simple sentier où l'on peut se promener...

Elle me regarda, je ne répliquais rien, ne sachant absolument pas quoi répondre...

-Tu es trop jeune pour le comprendre... Mais tu t'en apercevras vite.

Elle recolla lentement son front contre la vitre et observas à l'extérieur. Je ne savais pas quoi répondre, une chose voulait sortir mais... comment le prendrait-elle ?

-La vie n'est pas un simple sentier c'est vrai... Vous avez raison.. Raison pour tout.. Je suis trop jeune pour comprendre, bien trop jeune mais il y a une chose... dont je suis persuadée...

Je repris mon souffle, qu'est-ce qui me prenait de dire ça ?! Elle allait... surement mal le prendre mais.. je ne savais pas comment je pourrais garder ça donc autant lui dire plutôt qu'elle l'apprenne de la bouche de quelqu'un d'autre..

-Mme Romaneshka je...

Les mots ne sortaient pas, la dernière fois que je les avais prononcés, la mort avait accouru et avait brisé mon bonheur naissant. C'est injuste.. Pourquoi dés que je trouve un peu de bonheur il faut que tout se brise ?! Je ne laisserais pa ça se reproduire... Plus jamais...

-Mme Romaneshka je...

Elle ne termina pas sa phrase. Que voulait-elle me dire ? Je l'ignorai et je voulais savoir... Son silence me fit froid dans le dos, je ne pu retenir un frisson. J'avais envie de quitter cet endroit mais la planter ici était au dessus de mes forces. Je me rendis alors compte que je voulais qu'elle termine sa phrase et ceux par des mots bien spécifique... Je me mordis la lèvre et fermai les yeux. Le feu me monta au joue en l'imaginant murmurer trois petits mots.. Je laissai échapper dans un souffle :

-Tu quoi ?

Je me retournai et l'attraper par les épaules avant de la rapprocher de moi. Je répétai :

-Tu quoi ??!

J'étais consciente que cet élan pouvait l'effrayer et... puis de toute façon ce n'était pas plus mal si elle finissait par avoir peur de moi. Je sentis mon entité frémir face à ma perte de sang froid. Il fallait que je me calme pour ne pas perdre le contrôle de mon âme. Pourtant j'avais mal au coeur, une sorte de pincement douloureux... Mes mains lâchèrent ses épaules et se posèrent en douceur sur ses joues. J'avais l'impression de ne plus vraiment contrôler mes mouvements. J'attendais qu'elle finisse sa phrase...

Elle murmura :

-Tu quoi ?

Elle se tourna vers moi et m'attrapa par les épaules puis me rapprocha d'elle. Je devint écarlate, elle était près... trop près, mon coeur s'affola. Je ne parvenais pas à la lacher des yeux... J'étais.. captivée.

-Tu quoi ??!

Je sentais son souffle sur mon visage et devient encore plus rouge. Proche... Elle était si proche... J'ouvris les lèvres mais aucun sons n'en sortit... Elle lâcha mes épaules et posa ses mains sur mes joues. Ses mains étaient douces et glacées, je regardais ses mains un instant puis la regardais dans les yeux. C'était trop... Je ne pouvait plus le contenir... Je murmurais :

-Je... Je suis...

Comment le dire... Et si je me faisais rejeter ?! L'envie de m'enfuir me traversa l'esprit mais je l'écarta en recroisant son regard... Je sentais toujours sa peau glacée contre mes joues brûlantes...

-Je... Je vous aimes !

C'était dit, je détournais alors le regard, prête à encaisser un rejet..

-Je... Je vous aimes !

Elle l'avait dit... Pourquoi... Je tombais à genoux devant elle, désespérée par sa déclaration... Ma peur m'empêchai de me réjouir... Je secouai la tête lentement...

-Pourquoi... ? Tu ne dois pas...

Les larmes me montèrent aux yeux, c'était trop injuste, elle ne méritait pas ça... Je relevais la tête vers elle en souriant tristement.

-Pauvre petite chose... Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes avec ces sentiments... Tu vaut tellement mieux... Mais puisque tu veux m'aimer, je ne peux pas te fermer les portes de mon cœur...

Je me relevais lentement reposant mes doigts effilés sur sa peau douce et je me penchai sur elle. Mes lèvres étaient à quelques millimètres des siennes et mon regard plongé dans le sien. Puis avec une douceur inouï je collais ma bouche à la sienne dans un baiser délicat mais glacial. Froid comme moi... une de mes main remonta dans ses cheveux et j'enroulai quelque unes de ses mèches autour de mes doigts. Je la serrai contre moi en frémissant au contact de sa peau tiède contre la mienne. J'aurai pu rester ainsi des heures durant.

Elle se laissa tomber à genoux, je n'aurais pas du le dire.. Elle devait se demander quoi faire de moi, j'étais prête à encaisser une remarque déplaisante ou sarcastique. A la place elle me dit :

-Pourquoi... ? Tu ne dois pas...

Je ne comprenais pas. En quelque sorte elle avait insisté pour que je lui dise... Pourquoi me dire maintenant que je ne dois pas le dire... Je suis perdue... Elle leva lentement la tête vers moi et déclara alors :

-Pauvre petite chose... Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes avec ces sentiments... Tu vaut tellement mieux... Mais puisque tu veux m'aimer, je ne peux pas te fermer les portes de mon cœur...

Cette phrase me fit froid dans le dos. Elle se releva et posa à nouveau ses doigts glacés contre ma peau.Elle se pencha vers moi et m'embrassa. Ce baiser était doux et délicat bien que froid, voir glacial.. Elle décolla délicatement ses lèvres des miennes et je la regardais, les joues rouges... Une de ses mains remonta lentement vers mes cheveux et elle fit s'enrouler une de mes mèches autour de l'un de ses longs et fins doigts.. Je posais mes mains dans son dos... Doucement... Et la serrai.

Je finis par m'écarter d'elle et poser mes yeux glacés sur elle. Glacés mais pourtant brulant d'amour pour cette petite poupée timide. Elle semblait gênée par cette situation, c'est sur qu'elle ne doit pas avoir l'habitude de se faire embrasser par sa CPE. Je caressai ses cheveux avant de poser mes mains sur ses hanches, serrant légèrement ma prise je la soulevai et l'asseyais sur l'appui de fenêtre. Je posai à nouveau mes lèvres contre les siennes pour reprendre notre baiser avec lenteur. Un éclat de rire stoppé net plus loin dans le couloir m'arrêta dans mon élan. Un groupe de première années trainaient sûrement dans le pensionnat et nous avaient surpris alors que nous étions "proche". Fronçant les sourcils je me reculais un peu et d'un geste de la main je les chassais. Mon action était accompagnée d'un regard noir et menaçant. Je ne voulais pas être emmerder par les élèves ou que d'autres viennent lui chercher des ennuis sous prétexte qu'elle serait ma chouchoute ou un autre truc débile comme ça. JE soupirai et tournais mon regard à nouveau vers elle. Je pris un ton sérieux et soufflai :

-Tu devrais aller en cours, j'ai encore du boulot. On se verra plus tard.

Elle s'éloigna lentement de moi et me regarda, je rougis sous son regard insistant... Ma CPE me caressa les cheveux puis posa ses mains sur mes hanches, je sursautais légerement lorsqu'elle me souleva du sol et et m'assis sur le bord de la fenêtre. Je levais les yeux sur elle et laissa un léger sourire se dessiner sur mes lèvres.
C'est alors qu'elle m'embrassa, un baiser doux... qui fut evidemment interrompu par des rires. Des élèves nous avaient vu... Médusa leur accorda un regard meurtrier et ils partirent, elle se tourna à nouveau vers moi et déclara que je devais aller en cours, qu'il lui restait du travail. Elle ajouta que nous nous verrons plus tard... Je souris à cette remarque et, timidement, je déposais un baiser rapide sur ses lèvres puis je sautais du rebord de la fenêtre et lui sourit encore une fois.

-Entendu madame !

Je m'apprêtais à partir quand une chose me traversa l'esprit, je me tournais alors à nouveau vers Médusa et dit, calme... :

-Je suis contente... De vous en avoir parlé... Je t...t'aime.

Je partis alors en courant, les joues rouges d'en avoir parlé ainsi... Je courus, courus jusqu'à ma salle de classe. Quand j'arrivais, je reconnus une des personnes qui étaient passés dans le couloir... Elle me regarda avec un air moqueur et s'approcha de moi.

Sans montrer la moindre réaction le temps de ses paroles qui me serrèrent le coeur, je finis par sourire tendrement en la regardant s'éloigner en courant. Elle semblait presque flotter au dessus du sol tant ses pas étaient léger, tout comme elle. Je me fis encore la remarque sur sa fragilité physique, elle était sans doute extrêmement sensible également. Je partis dans la même direction qu'elle, mais de manière plus calme et sereine. J'observais attentivement les moindres recoins du couloir pour vérifier qu'il n'y avait pas un ou deux élèves se croyant assez malin pour me chercher. Je ressentis alors de l'agitation plus loin dans une classe. Sans me presser je poursuivais mon chemin jusqu'à la porte ouverte d'où provenais les éclats de voix. Je sentis la présence d'Echo. En gardant mon calme je passais le pas de la porte en croisant les bras. Me raclant la gorge je signalez ma présence à tout ces jeunes gens turbulents. Les sourcils froncés je demandais simplement :

-Et bien, et bien. Que se passe-t-il ici ? N'êtes vous pas sensé étudier ?

Je tentais de ne pas regarder dans la direction d'Echo, pour ne pas perdre de ma crédibilité et pour ne pas la mettre mal à l'aise. Je ne voulais pas que les autres élèves pensent qu'elle bénéficiait d'un traitement de faveur et que cela en fasse une victime de persécutions.

-Et bien, et bien. Que se passe-t-il ici ? N'êtes vous pas sensé étudier ?

Je sursautais en reconnaissant cette voix qui était désormais gravée dans ma tête. J'allais alors m'assoir à ma place et je sortis mes affaires pour étudier. Un mot atterrit sur ma table, la CPE ne semblait pas l'avoir remarqué, alors je l'ouvris.

dit echo, tu pourras m'aider pour le français ?

Je me tournais vers la personne qui avait lançé le mot et hochais la tête puis je regardais à nouveau Médusa, un air d'admiration dans les yeux. Je baissais doucement le regard et soupirais. Notre professeur entra et regarda madame Romaneshka.

-Je peut vous aider madame ? Un élève vous a causé du tord ?

Elle nous regarda avec un regard assassin. Je me figeais et sursautais, ce professeur fait vraiment peur... Je regardais Mme. Romaneshka.
La prof du s'adresser à moi mais je ne l'entendis pas... Elle lacha un livre sur ma table ce qui me fit sursauter.

-Mademoiselle Nightray ! Je vous demande d'être attentive à ce que dit Mme Romaneshka !

Un élève ricana.

-Ca pour être attentive elle est attentive !

Je fixais alors la prof sans vraiment réagir à sa question. Sans lui répondre directement j'inspectais la classe d'un regard critique.

-Non aucun tort madame. Je vous prie d'excuser mon intrusion mais en votre absence la classe semblait agitée, j'ai voulu vérifier par moi-même. C'est très inhabituel venant d'une classe A, mais bon après tout il y a des éléments perturbateur partout, même en A...

Mon regard se posa sur les élèves dont j'avais reconnu le visage. Je ruminais quelques pensées obscures à leurs sujets lorsque le claquement sec d'un livre me fit sursauter. La prof fit une remarque qu'un élève crut bon de relever. Je m'approchai alors de lui avec mon sourire froid et cruel, je posai ma main sur le haut de son crâne et plongeant mes ongles dans sa chair tournait son regard vers moi.

-Oui ? J'ai cru t'entendre dire quelque chose, peu être as tu envie de t'exprimer devant ta classe ? Moi en tout cas je t'écoute...

Je souriais mais le ton de ma voix et mon regard l'intimaient au silence. Ce qu'il ne manqua pas de faire. C'était mieux ainsi, je ne voulais pas que les bruits de couloirs se mettent à circuler. Je me redressais sans lâcher sa tête.

-Vous savez, je hais les bruits de couloir. Ils déforment la vérité, et le plus généralement cette vérité n'a pas à être su par tout le monde. Aussi si jamais, j'entends la moindre rumeur à propos de ce que certains élèves de cette classe ont vu il y a quelque minute auparavant, je saurais quelle classe sanctionner. N'oubliez pas que je suis chargée de la discipline de cet établissement et que punir est ma spécialité.

Je relâchais la tête du garçon avant de le claquer par l'arrière, l'envoyant embrasser sa table.

Elle se dirigea vers celui qui venait de faire cette remarque si gênante à mon égard. Elle posa sa main sur le haut de son crâne et planta ses ongles dans sa peau... Aïe ! Bien qu'il l'ait mérité je souffre pour lui ! Médusa déclara alors d'une voix glaciale :
-Oui ? J'ai cru t'entendre dire quelque chose, peu être as tu envie de t'exprimer devant ta classe ? Moi en tout cas je t'écoute...
J'avais les yeux rivés sur elle, uniquement sur elle... Elle était si belle, ses cheveux blond, son teint pâle, sa taille fine et ses lèvres... si douces... Oh mais ! Qu'est-ce que je raconte... Re... Reconcentrons nous sur l'instant présent. Médusa venait de claquer la tête d'un élève contre la table et, d'après certains regards, elle avait du parler de ce qui s'était passé dans le couloir...
Je n'osais rien dire bien que je mourrais d'envie de lui sauter au cou et de lui dire que je l'aime. Elle le savait déjà, je n'allais pas en plus l'agacer en la collant. Ce baiser me revenait en mémoire, cela avait été si doux et si bon...
Je baissais les yeux et secouais la tête pour chasser toutes ces pensées de mon esprit et j'attendis sagement que le cours reprenne, Mme Romaneshka étant sorti de la classe. Bien que quelque regards haineux ou du moins agacés restent fixés sur moi, ce problème à été relativement bien réglé...