« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. » Paul Verlaine. -- [Marianne]

Je n'étais dans cet établissement que depuis quelques heures et j'étais arrivée en fin de journée. Impossible donc pour moi d'aller en cours pour la dernière heure. Tant pis, il ne me rencontreront que demain! Et puis après cette journée de transport, je n'avais pas vraiment envie d'affronter les foules, mon caractère sûr de lui était un peu fatigué pour faire une entrée fulgurante!
Après avoir déballé mes nombreuses affaires dans cette chambre qui était à présent la mienne, je ne savais pas quoi faire. J'avais mangé, tout était rangé. Pourtant il était encore tôt dans la soirée. Et ne rien faire aurait été vraiment, vraiment insupportable. Car j'ai la bougeotte. D'abord j'ai pensé prendre ma douche mais je me suis dit qu'il fallait que je visite un peu avant. Même si je ne savais pas si j'avais le droit de sortir à cette heure.
Bon, apparemment, si. Il y a du monde dans les couloirs, enfin, un peu de monde. Bon ok, j'ai croisé 3 personnes. Mais c'est sans importance. Je passe à côté des portes, toutes semblables. Les élèves devaient être à l'intérieur. Oh, la porte des toilettes. Pas intéressant.

Une porte retint mon attention. Ou plutôt ce qu'il y avait derrière. Je pouvais entendre le son des pages se tournant. Une fois cette porte passée, je pu voir les rangées de livres, sentir l'odeur des plus vieux, toucher le bois des étagères. Voilà qui était intéressant, la bibliothèque était grande, remplie de livres, plutôt vide de gens. L'ambiance était plutôt sympa, chaude, silencieuse. Il est temps pour moi de me perdre dans ce labyrinthe.

Après des dizaines de pas, des rangées traversées, je m'arrêtais devant une étagère, regardant le titre des livres, des recueils de poèmes. Mon doigt s'arrêta sur le nom de Paul Verlaine et je prit l'ouvrage, allant m'assoir à une table au centre de la pièce.
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. »
Lorsque je lu ce passage, je trouvais bien idiot ce Verlaine, de parler ainsi de ce que l'on pourrait appeler l'amour. Tout le monde idolâtrait ce sentiment, mais n'est il pas illusoire? Car après tout, de nos jours, l'amour, le vrai amour -Je vous parle de celui qui vous fait accélérer le rythme cardiaque, qui vous met des étoiles dans les yeux, qui imprime une personne dans votre cerveau - n'existe plus. Tout est physique, tout. Et puis le coup de foudre? Ce n'est qu'un baliverne pour faire rêver les femmes, pour les bercer de pensées romantiques.
A la fin ce n'est que commercial, pour faire marcher les fleuristes, les restaurants, les bijoutiers. Et en fin de compte, les femmes finissent déprimées de ne pas avoir trouvé le prince charmant.
Foutaises! Pourquoi rêver de ce qui est impossible? Autant profiter, jouer avec ceux qui y croient, et vivre une vie réussie.

Les yeux toujours rivés sur cette phrase, un air moqueur sur le visage j'entendis un bruit léger de pas, venant de franchir l'entrée de la pièce. Je ne me retournais pas, toujours concentrée. De toute façon, un bruit me suffisait pour le ou la décrire.

Des bruits de pas, doux, inaudibles pour l'humain de base. Cependant je pouvais l'entendre, ce petit bruit. Je ne sursautais donc pas lorsqu'une jeune femme se posta devant moi, une posture avenante. Elle avait l'air gentille, et souriait d'un sourire mignon. Elle avait de grands yeux mauves ou violets, je n'avais jamais su faire la différence entre ces deux couleurs. Oui, la jeune femme en face de moi était vraiment jolie, même si son style vestimentaire laissait à désirer, du moins de mon point de vue. J'étais habillée assez simplement, d'une petite robe bleu foncée, mettant en valeur mes yeux, d'une veste en jean et de ballerines. A côté d'elle on pouvait ne pas me voir, gênant. Pourtant, je ne la connaissais pas donc pourquoi pas tenter de s'en faire une amie? Après tout, le premier jour il ne faut jamais se faire d'ennemis.

Cependant, vu mon caractère, la majorité des filles de ma tranche d'âge ne me supportent pas. Elles me trouvent trop égocentrique. Bon, mon égo est surdimensionné, je l'avoue. Mais quand même, ce n'est pas de ma faute si les autres n'ont pas assez confiance en elles. Bref, il est aussi vrai que lorsque je croise quelqu'un d'encore plus égocentrique, cela a tendance à m'énerver. Donc je peux peut être envisager de comprendre le sentiment des autres à mon égard. Il faudrait que je fasse des efforts. mais que voulez-vous? La vraie nature des gens finit toujours par ressortir. Et vivre dans l'ombre d'une personne qui n'est pas sois, est vraiment horrible.

Je levais les yeux, mon sourire moqueur restant sur le coin de mes lèvres, puis se transforma en sourire amical. Je remerciais intérieurement cette jeune femme d'avoir fait le premier pas vers moi.

_" Pas vraiment un ouvrage humoristique pourtant. Je m'amusais juste de la croyance en l'amour. Tout le monde en rêve, mais cela n'existe même pas, ahah."

Elle allait peut être me regarder bizarrement mais tant pis, pourquoi idolâtrer le sentiment amoureux s'il n'y a même pas de preuve qu'il existe? C'est idiot. Mais bon, passons. De quoi peuvent bien parler deux jeunes femmes venant de se rencontrer? Les filles ne m'approchant pas trop je ne savais pas quoi faire. Avec les hommes il suffisait de papillonner des cils, le regarder avec de grands yeux et il lançait en balbutiant une conversation inutile mais amusante. Mais je ne pouvais pas faire ça avec une femme, surtout que je n'allait pas dans ce penchant là. Puis, une idée complètement idiote me traversa l'esprit. Peut être que la chose la plus commode était de se présenter, non? Mais si, c'était d'ailleurs la première chose à faire. Si je n'étais pas si bête sur le sujet des conversations avec les femmes, cela m'aurait évité un silence, petit, mais évitable. Je la regardais dans les yeux, mon sourire s'élargissant et lui tendant ma main libre.

_"Mais ce sujet est bien trop conflictuel. Je suis Wendy, enchantée de faire ta connaissance! Et tu es...?"

J'attendais sa réponse, curieuse de savoir si elle avait un nom qui lui allait bien. Parce que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Une brute s'appelant jean-ferdinand ne passe pas du tout. Comment pouvait elle s'appeler? A première vu et avec ses vêtements sexy j'aurai pensé à un nom assez chaud. Mais ce n'est qu'une question de préjugés. Son visage n'était pas vraiment provoquant alors ça ne lui irait pas. Un prénom noble peut être?