[event] J'ai peur... [PV Alan]

J'erre dans la rue, me tournant et me retournant, je commence à paniquer, autour de moi tout est vide. Pas qu'il n'y ait personne, au contraire la rue est pleine de monde, mais je ne vois plus aucun ruban, rien du tout, il n'y a que de l'air entre les gens. Un couple se tient la main, mais pas de liens entre eux, pareil pour ses trois adolescents qui se chamaillent. Une femme salue quelqu'un mais je ne sais pas ce qui les relie. Je sens les regards qui pèsent sur moi, je dois avoir l'air fou, et je ne suis pas loin de le devenir, j'ai perdu mon pouvoir, comment est-ce possible ? Je ferme les yeux, puis les ouvre espérant que ce n'était qu'une passade, un petit problème, mais non, il n'y a toujours rien. Une femme s'approche de moi, me demande si tout va bien, je recule vivement, elle cherche à être gentille, mais je ne sais comment me comporter, j'ai toujours vu les liens qui m'unissaient aux gens. Je m'enfuis en courant, je cours, je cours, bousculant les gens sans m'en soucier, je ne traverse que du vide, d'habitude des rubans m'entourent complètement au point que parfois je dois les écarter pour passer, mais là plus rien alors je cours le plus vite possible. Je finis par percuter quelqu'un de plein fouet, je manque de tomber, mais réussis à reprendre mon équilibre au dernier moment. Je baisse les yeux pour ne plus voir l'absence de tous les liens et murmure :

- Je suis désolé, je... je suis pressé... je...

Même en regardant mes pieds, je sens que mon pouvoir n'est plus là, c'est insupportable, je me cache le visage essayant de bloquer mes yeux, mes oreilles pour ne plus avoir cette sensation de vide. J'ai peur...

Je me recule pour m'éloigner, il faut que je m'isole, que je sois seul, mais deux bras m'entourent. Je panique un instant, tente vainement de me dégager, la personne m'embrasse doucement le haut du crâne en murmurant :

- Dimitri... Calme toi mon amour... Tout va bien...

C'est Alan, en temps normal j'en aurais ri, dans toute cette foule, parmi tous ces gens, je bouscule mon nouveau petit-ami. Il me prends le menton pour me relever la tête et m'embrasse. Je me laisse aller à ce baiser, je ne veux penser à rien d'autre, mais c'est impossible. Soudain un doute m'envahit, je me recule un peu précipitamment, je ne vois pas non plus le lien qui m'unit à Alan, et s'il ne me considérait pas comme son petit-ami... Je ne sais plus quoi penser, il faut que je me reprenne, j'ai peur... Je regarde mon amant, il a l'air véritablement inquiet, quelle allure est-ce que je donne ? Sûrement se demande-t-il s'il doit appeler de l'aide... Il tient à moi, je pense, il faut que j'y crois un peu, je n'ai pas le choix. Je me suis déjà effondré dans ses bras depuis quelques secondes. Je me blottis contre lui, serrant son manteau dans mes doigts. Je bafouille quelques mots, je ne sais pas quoi lui dire, puis je réussis lentement à donner des brides d'explications :

- Je ne vois plus rien, Alan... J'ai... j'ai peur... mon pouvoir a disparu...

Je me serre plus fort contre lui, je cache mon visage dans son cou, là je suis en sécurité, là je peux me calmer et oublier tous ses liens qui ont disparu, il n'y a rien d'autre que l'odeur d'Alan. Je me détends légèrement.

Je me cramponne à Alan, blottissant mon visage dans son manteau, quand soudain, il disparaît. Je manque de tomber et ne me rattrape qu'avec de grands moulinets. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je regarde tout autour de moi, mais tout est vide, vide, vide, en plus des rubans entre les gens, c'est mon petit-ami qui a disparu... Enfin, est-il vraiment mon petit-ami ? Je ne sais pas vraiment après tout, peut-être ne suis-je qu'un jeu pour lui ? Non, quand même pas, mais m'aime-t-il vraiment ? Il est jeune, plus jeune que moi, il ne connaît pas encore l'amour dans toute sa diversité... Et s'il ne ressent pas ce que je ressens ? Pourquoi n'ai-je pas vérifié son ruban quand je le pouvais ?! Parce que je n'ai jamais pensé ne plus pouvoir, tout simplement. Les larmes s'accumulent au coin de mes yeux, mais ne coulent pas, je suis trop paniqué pour pouvoir pleurer. Où est Alan ? S'il m'aimait vraiment, il n'aurait pas disparu... Il s'est rendu compte que je ne suis qu'un gosse épeuré et il a compris qu'il valait mieux que cela... Je commence à me retourner pour courir me cacher, quelque part où il n'y aurait personne et donc pas de rubans manquants, à ce moment, Alan réapparaît. Je m'apprête à me jeter sur lui pour lui marteler la poitrine en lui demandant où il était passé quitte à ressembler à un gamin qui fait un caprice, mais son visage m'arrête. Il a l'air aussi perdu que moi, l'angoisse me gagne à nouveau. Alan me prend dans ses bras et je le serre aussi fort que possible, pour me calmer, mais aussi pour le calmer. Il inspire longuement, avant de m'annoncer.

- Dim... Je crois que nos pouvoirs ont été... remplacés... Je me suis transformé en mouche !

Je me fige pendant plusieurs secondes, le temps d'assimiler et de réaliser ce qu'il vient de me dire. Remplacé ? Non, non, non, non, non, je ne veux pas ! Mon pouvoir a peut-être causé des choses assez terribles, il fait partie de moi, je ne me vois pas vivre autrement qu'avec lui. Et un autre pouvoir, qu'est-ce que ça va être ? Quand je vois certains élèves qui ne peuvent pas contrôler le leur alors qu'ils l'ont depuis la majorité de leur vie, qu'est-ce que ferais avec une toute nouvelle capacité complètement inconnue ?! A présent, Alan me frotte doucement les cheveux après m'avoir embrassé sur le front, comme pour rassurer un enfant qui vient de faire un cauchemar.

- Ça va aller...

Je me dégage de ses bras un peu plus brutalement que je ne l'aurais voulu, je recule en secouant la tête, puis le regarde dans les yeux :

- Non, ça ne va pas aller. Je ne suis pas un gosse qui a besoin de mots doux et de fausses promesses, je suis un adulte, plus âgé que toi, je sais que tout ne va pas bien aller aussi facilement.

Mon ton est beaucoup trop froid, ce n'est pas ce que je veux lui dire. Les larmes coulent sur mes joues. Je ne veux pas qu'il essaye de me réconforter, ce n'est pas ce dont j'ai besoin, je veux trouver la solution. Je prends une grande respiration pour essayer de me calmer. Je me rapproche à nouveau d'Alan un peu gêné, les yeux baissés.

- Pardon... Je... J'ai peur... Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver... mais, je ne veux pas que tu me consoles comme un enfant, mais que tu me tiennes dans tes bras comme ton petit-ami.

A ce moment, j'entends deux femmes commencent à parler dans notre dos, il est vrai que l'on doit offrir un drôle de spectacle, je me tourne vers elles pour balayer leurs rubans et qu'elles arrêtent de s'occuper de nous, mais au moment de lever la main, je me rends compte qu'il n'y a pas de ruban. Mes mains se mettent à trembler, je me blottis à nouveau contre Alan.

-Je ne peux pas... je ne sais pas vivre comme ça...